Varsovie : La Vieille Ville, la Voie Royale et le Palais de la Culture et des Sciences
Varsovie (ou Warszawa, en polonais) ne ressemble à aucune autre ville en Europe. Martyre de la Seconde Guerre mondiale qui l’a littéralement réduite en cendres, elle donne avant tout l’impression d’un vaste chantier (je découvrirai que c’est le cas de toute la Pologne en réalité) où se côtoient reconstructions de quartiers pittoresques et d’édifices d’avant-guerre, blocs staliniens et buildings ultra-modernes. Mais cet anarchisme urbain, qui m’a bien évidemment surprise à multiples reprises, reflète surtout la personnalité singulière et émouvante d’une capitale (et d’un pays !) atypique, vitrine des douleurs passées et des ambitions futures de la Pologne.
Samedi 9 septembre
J’ai déjeuné et discuté avec Jack et Sarah (le frère et la sœur de Manchester). Ils prévoyaient de faire une visite guidée à 10h30 mais j’ai eu peur de ne pas tout comprendre (le tour était en anglais) alors je ne les ai pas accompagnés.
Je suis allée à pieds de Tamka à la Voie Royale. Ce n’est pas si loin mais faut bien marcher. La Voie royale est magnifique. J’entends du Chopin régulièrement : la ville a installé des bancs d’où s’échappent des mélodies au piano. Les bancs sont aussi ornés de plaques informatives sur des fragments de la vie de Chopin (cet artiste est originaire de Varsovie !)1.
La Voie Royale (Trakt Królewski) est l’itinéraire touristique le plus célèbre de Varsovie et doit son nom au fait qu’elle relie les diverses résidences des monarques polonais. Elle est longue de 15 kilomètres et s’étend de la place du Château de la Vieille Ville (la résidence principale des monarques) jusqu’à leur résidence d’été du palais de Wilanów, en passant par le parc de Parc Łazienki. Je n’ai malheureusement pas eu le temps de faire ces deux derniers endroits personnellement mais je t’invite à cliquer sur les liens pour en avoir un aperçu…
Krakowskie Przedmiescie
La Voie royale étant très longue, je me suis surtout promenée dans la rue Krakowskie Przedmiescie (le faubourg de Cracovie). J’ai lu dans mon guide Michelin (Le Guide Vert, que je recommande et que tu peux retrouver en cliquant ici 2– c’est la version la plus récente, la mienne datant de 2016) que les aristocrates varsoviens se pressaient dès le 16e siècle dans cette rue pour établir leur résidence, à proximité de celle du roi installé dans la Vieille Ville. Aujourd’hui, Krakowskie Przedmiescie serait l’artère la plus importante, concentrant la résidence du Président de la République, l’Université ainsi que plusieurs églises historiques et demeures des 17e et 18e siècle.
Je passe devant la maison où habitait la famille de Chopin. Il y a une plaque mentionnant ce fait sur la maison.
Université de Varsovie
Fondée en 1818, l’Université de Varsovie (Uniwersytet Warszawski) a 200 ans ! Je me rends compte qu’un groupe de touristes écoute une guide qui parle en… français ! Je me rapproche et l’entends dire que c’est une université prestigieuse, « elle est le symbole de l’indépendance nationale. Malgré qu’elle fut fermée à plusieurs reprises par les autorités étrangères qui ont géré la ville, elle a toujours résisté rouvrant ses portes chaque fois. ». En me renseignant sur mon guide Michelin, je lis effectivement qu’elle a été fermée par le tsar en 1832 suite à l’insurrection en 1830 et qu’elle ne fut rouverte qu’en 1915. Voici ce que dit mon guide : « Sous l’occupation nazie, les études furent interdites, et des milliers de professeurs et d’étudiants clandestins furent assassinés. Comme dans la plupart des grandes villes de Pologne, et notamment à Cracovie, une université clandestine fut mise en place ; cette tradition d’ « université volante » perdura tout au long de la période communiste. »
Eglises et architectures atypiques
C’est l’un des rares édifices de Varsovie à avoir échappé à la destruction de la ville à la fin de la guerre. J’ai lu quelque part qu’elle était alors occupée par des officiers allemands : ceci explique cela…
Le palais présidentiel
La rue fait effectivement très bourgeoise, ce sont de réels palais super classes. La rue est quasiment piétonne. Il fait bon vivre.
Ensuite, je me suis dirigée vers la Vieille Ville (Stare Miasto), en suivant la même rue (Krakowskie Przedmiescie – le faubourg de Cracovie), toujours à pied. Je suis donc naturellement arrivée à la Place Zamkowy qui fait face au Château Royal.
Extrait de mon guide Michelin : Le château était non seulement le siège des rois de Pologne mais aussi des députés de la Diète, cette coexistence unique en Europe étant à rattacher au régime de monarchie limitée mis en place aux 17 et 18e siècle. Les rois étaient donc simples locataires du château. A partir de 1918, l’endroit fut occupé par le Président de la République. Après la Seconde Guerre mondiale, les autorités communistes ne se montrèrent guère favorables à sa reconstruction qui ne fut finalement entreprise qu’en 1971. (…) Si la structure est une réplique, une partie des peintures et du mobilier du château, mis en sûreté dès le début de la guerre, sont d’origine.
Il ne faut pas se méprendre : en Pologne, la majorité des édifices ne sont malheureusement pas authentiques…
La Vieille Ville : le Rynek et rues typiques
La Vieille ville se caractérise par une place du Marché central, le Rynek, autour de laquelle s’organisent des rues pavées et colorées, typiques.
Je sens que je suis dans un pays de l’est. Les couleurs des bâtiments sont empreintes de leur culture.
La place du marché (Rynek) de la Vieille ville est si locale et typique, toute colorée mais vieillote. Pourtant, tout a été reconstruit dans la 2nde moitié du 20ème siècle.
Je me sens très seule et fatiguée. Je me surprends à penser que je veux mon chéri ou ma meilleure amie avec moi. Est-ce vraiment ça le voyage en solo ? Des visites en solitaire tout le temps ? Je n’ai personne avec qui commenter ce que je vois. En Angleterre, j’avais toujours mon accolyte hors pair Jochem. Je sais que c’est seulement le premier jour mais je me sens pas au top.
J’arrête le fil du récit ici un court instant : coucou, jeune voyageur en devenir ! Cet état d’esprit est normal pour un premier voyage en solo. Ces réflexions t’aident à comprendre qui tu es, ce que tu veux, etc. Tu verras dans la suite du carnet de voyage (pas plus tard que dans un paragraphe, déjà !) que je vais rencontrer des personnes géniales qui vont me faire rebondir. Et, malgré une étape malheureuse à Ostroda (à lire dans un prochain article !), je ne regrette absolument pas d’avoir décidé de continuer. Cela est tellement dommage de s’arrêter : une étape malheureuse ou un passage à vide ne doivent pas être un frein pour toi, mais un moteur.
Je décide de rentrer pour dormir mais finalement, je suis tentée par l’idée d’un café glacé gourmand en voyant le Costa Coffee en face de l’hostel. J’achète un grand café caramel Macchiato avec chantilly. Je pensais aller le déguster dans le petit jardin de l’hostel mais avec déception, j’ai découvert que je n’étais pas seule : un homme était là. Finalement, nous avons discuté et fait connaissance et j’ai oublié de prendre en photo mon super café glacé.
Il s’appelle Maciej, il est polonais mais il habite en Norvège depuis cinq ans. Il me dit avoir voulu s’installer là-bas car il était très attiré par la Scandinavie. Il m’avoue se rendre compte que ce n’est pas un pays où il se sent bien finalement, mais son meilleur ami et sa vie sont là-bas maintenant. Maciej a 31 ans, bientôt 32 ans. Je le comprends beaucoup mieux que Jack, tout comme je comprenais beaucoup mieux les hollandais que les anglais du Nord à Roffy (dans le camping où j’ai travaillé en tant que serveuse cet été 2017, juste avant de partir en Pologne).
Nous avons parlé de mon itinéraire, je lui ai déployé ma grande carte routière Michelin, que j’avais acheté au cas où je ferais de l’auto-stop (spoil alert : je n’ai pas fait d’auto-stop pendant ce voyage en Pologne !). Il me dit que je dois absolument aller à Wroclaw, que c’est sa ville préférée et pas seulement parce que c’est là d’où il vient haha. Ca m’embête car ce n’est pas dans l’itinéraire que j’ai prévu, j’ai seulement deux semaines, je ne veux pas louper les autres destinations déjà au programme et/ou raccourcir le nombre de jours dans ces villes-là…
Il me conseille également de prendre des Polski bus pour faire les trajets entre mes étapes : ce sont des bus low-cost mais confortables (un peu comme Flixbus en France) et l’application sur mobile est très pratique (spoil alert : j’ai utilisé uniquement ces bus pendant toute la durée de mon voyage, je réservais au dernier moment sur l’application).
Nous sommes ensuite allés faire une sieste dans nos chambres respectives.
Place Piłsudski
A 17h30, nous sommes partis pour l’immense place Piłsudski où se trouve la tombe du soldat inconnu.
Mon guide Michelin dit que la place Piłsudski est le lieu désigné des grands rassemblements et c’est sur cette place qu’ont démarré les manifestations organisées par Solidarność dans les années 1980 (j’ai visité le musée Solidarność lors de mon étape Gdansk, cela sera donc sujet à explications dans un prochain article) ou que les Varsoviens ont assisté par milliers à la retransmission des obsèques du pape Jean-Paul II, en 2005.
Le tombeau du Soldat inconnu fut érigé en 1925 en commémoration des anonymes, morts en luttant pour l’indépendance de la Pologne. Il est situé sous les arcades de l’ancien palais de Saxe, seul vestige de l’ancienne résidence royale détruite pendant la guerre.
Nous arrivons. Une flamme éternelle brûle sous la garde de deux soldats… au garde-à-vous. Nous avons attendu la relève de la garde, Maciej y tenait beaucoup apparemment.
En cliquant sur la photographie, tu as accès à la galerie Flickr du photographe.
Puis, nous avons été au Palais de la Culture et des Sciences : je voulais monter tout en haut de ce gigantesque bâtiment, je tenais à voir la vue grandiose sur Varsovie que promettait la hauteur du Palais.
Commandé par Staline et « cadeau de la nation soviétique à la nation polonaise », le palais de la Culture et des sciences est devenu, ironie de l’histoire, le symbole de Varsovie. Après la chute du régime communiste, l’avenir du palais de la Culture et des Sciences est devenu une problématique majeure pour Varsovie, et il fut un temps envisagé de le raser. Aujourd’hui, il est de moins en moins controversé. Il abrite trois théâtres, un multiplexe cinématographique, une salle de congrès de 3000 places, une piscine, deux musées, plusieurs bars et clubs et une multitude d’institutions officielles.
Je pense que si je reviens en Pologne et à Varsovie, je prévoierai une journée pour profiter à fond de ses possibilités haha !
En chiffres
Altitude : 230,68 mètres
Immeuble de 42 étages, visible à 30 kilomètres à la ronde.
Ascenseurs : 33
Nous avons donc payé 20 zl (≈ 4€60) et sommes montés dans un ascenseur avec tout pleins de touristes : en même pas 2 minutes, nous avons été propulsés au 30ème étage.
Là-haut, il y avait beaucoup de vent, je m’enrhume un peu plus mais je suis heureuse de nouveau : je suis accompagnée, et c’est vrai que j’adore prendre de la hauteur !
La solution de facilité encore une fois, je m’en veux beaucoup… J’ai pris un menu McChicken à emporter au macdo (4€ !).
Nous sommes rentrés et avons discuté longtemps dans le salon. Il me dit qu’il y a une folle dans sa chambre qui se croit écoutée par les services secrets et qui pense qu’il y aurait des lasers. Les yeux sont écarquillés, il semble avoir plus peur de dormir à côté d’elle que de ses élucubrations et théories complotistes. Je ris aux éclats et le rassure. Puis, nous avons parlé de nos vies. Il me confie s’estimer heureux d’avoir vécu jusque-là : il aurait fait des choses idiotes suite à un accident de train il y a neuf ans en République Tchèque qui aurait pu lui coûter la vie. Je l’écoute attentivement, j’ai l’impression d’être dans un film.
Toutefois, mes yeux se ferment tout seuls et je lui dis que je dois absolument aller dormir.
La suite de mon voyage en Pologne et à Varsovie dans un prochain article !
Notes de bas de page
1 : Tu peux visiter le musée Frédéric-Chopin, sur Nowy Świat, qui retrace la vie de l’artiste à travers d’excellentes reconstitutions. Il permet également de découvrir son oeuvre grâce à un dispositif multimédia très moderne. Adresse : Ulica Okolnik (mais l’entrée se fait par la rue Tamka (oui, où je logeais !)). http://chopin.museum/en
Ouvert tous les jours (sauf le lundi), de 11h à 20h. 22 zlotis (≈ 5€14), gratuit le dimanche !!
2 : Tous mes renvois vers des pages Amazon ou autres sites commerçants ne sont pas rémunérés : ils ne sont pas même au courant que je leur fais de la publicité. Ce sont juste mes recommandations personnelles. J’ai testé Le Guide Vert Pologne de Michelin et j’ai vraiment adoré !