Un mois que j’habite à Bradford !
14 octobre 2019
J’avais une très mauvaise image de cette ville du nord de l’Angleterre. J’appréhendais beaucoup mon arrivée à Bradford. Cette image catastrophique de Bradford me venait des médias et du fruit de mes recherches Google. Aujourd’hui, si j’emploie l’imparfait, c’est parce que j’ai pu bien découvrir la ville par moi-même et que maintenant… eh bien, ce que j’en pense est nuancé. Bradford recèle de petits trésors mais possède aussi une facette assez craignos… Présentation en images.
Bradford est une ville située dans le Yorkshire, une région du Nord de l’Angleterre. En 2018, elle comptait quelques 530 000 habitants. C’est une ville à taille humaine. J’ai visité Leeds (à 14 kilomètres de Bradford) et je peux dire que je me sens mieux à Bradford, peut-être simplement parce que c’est « la maison » ?
Voici ma maison justement
J’habite avec huit autres étudiants internationaux. Il y a Clara, franco-autrichienne, avec qui je peux discuter sans me soucier de ma grammaire et de mon manque de vocabulaire ; Lukas, germanophone et italien de nationalité ; Sidney, adorable américaine venant du Colorado ; Sveta (Svetlana en réalité), une russe imprévisible/fofolle mais tellement attachante ; Morten, danois incroyablement gentil et patient avec moi ; Momo, la plus mignonne des japonaises ; Hendrick, allemand, qui peut boire une pinte de bière cul sec en deux secondes ET cuisiner tel un cuisto de compet’ le lendemain ; Claudia, italienne en doctorat. J’ai une anecdote sur chacun mais bon, ce sera pas le sujet ici. Toujours est-il que j’adore mes colocs et la cuisine est pas siiiii dégueu hahaha. Nous jouons au Uno pendant des heures, nous avons passé des moments si sympas entre nous et avec d’autres aussi.
J’ai mis du temps à m’habituer à ma nouvelle vie, cohabiter avec huit personnes qui ne parlent pas ta langue, c’est beaucoup d’efforts au quotidien. Mais ça vaut tellement le coup : le partage culturel est immense (j’ai appris tellement de trucs sur leur pays).
Je ne parle pas du tout français ?
Eh bien si ! Le français est encore bien présent dans mon quotidien. Il y a beaucoup plus de français à Bradford que ce que je ne l’imaginais ! Premièrement, une de mes colocs est française, comment résister à la tentation de passer au français dès que l’opportunité se présente (quand je ne trouve pas un mot anglais, quand nous sommes que toutes les deux, quand ce que j’ai à dire est urgent…) ? Deuxièmement, à la base, je voulais éviter de me faire des amis français ici, mais notre côté patriote (et pas super fort en anglais !) nous pousse à rester en contact et à discuter ensemble ! Je me suis fait des amis français, comme des amis internationaux, c’était prévisible !
Quid de mon niveau d'anglais ?
Mon niveau d’anglais n’est pas si bon que ce que je pensais (ce fut une grande déception pour moi au début), ou alors mes colocs sont juste incroyablement doués en anglais. Je me débrouille quand même, comme m’a dit Morten : « tu te fais comprendre la majorité du temps, c’est le principal ». Je me fais comprendre et je comprends l’essentiel de ce qu’on me dit ! Yay ! J’espère améliorer mon vocabulaire et ma fluidité d’ici décembre !
Niveau cours, c’est beaucoup plus compliqué de comprendre mes professeurs : ils parlent vite, ont un accent plutôt fort, et puis c’est du langage juridique en anglais, hein ! Heureusement, j’ai accès à pleins de livres à la bibliothèque universitaire alors j’ai confiance, ça va aller !
La météo : je ne suis définitivement pas aux Bahamas !
Je savais que je n’arrivais pas en Angleterre à la meilleure période de l’année. Je savais qu’il allait faire nuageux tout le temps, qu’il allait pleuvoir souvent. Ce que je ne savais pas, c’est qu’il allait pleuvoir pendant des jours et des jours (j’ai arrêté de compter combien de jours d’affilée) du matin au réveil au coucher le soir. C’est incroyable de constater que la pluie (la bruine ou les cordes, même combat !) peut affecter à ce point mon moral haha ! Dès qu’un rayon de soleil surgit, je fonce dehors me nourrir de vitamine D… en n’oubliant pas mon parapluie avec moi, étant donné que le temps est très changeant ici ! D’ailleurs, anecdote rigolote : la fac a offert à tous les étudiants un parapluie à la réunion de bienvenue ! D’ailleurs, à l’heure où j’écris ces mots, il pleut ! haha
La ville : un peu d'histoire et beaucoup de photos
Un passé industriel
Au 19ème siècle, la révolution industrielle fait de la ville un centre international de production textile : Bradford devient la « capitale mondiale de la laine ». Mais, le secteur du textile décline et la ville est confrontée aux mêmes difficultés socio-économiques que le reste du nord de l’Angleterre, liées à la désindustrialisation. Aujourd’hui, le passé industriel de la ville est encore aisément remarquable.
L'architecture
Ce qui est sûr, c’est que je suis dépaysée ! Je ne me lasse pas des bâtiments ici. Petit tour d’horizons…
Coups de coeur architecture
La Mirror Pool est cette immense place remplie de fontaines. Tout autour, il y a restaurant (Nando’s, une chaîne de restaurants servant des plats à base de poulet), bistrot (on y mange très bien !), Starbucks… Le soir, les fontaines s’éteignent jusqu’au matin, l’eau se retire, et il est possible de traverser jusqu’au City Hall (dont je surnomme le clocher Mini Big Ben !). Mini Big Ben est mon petit repère. La nuit, il ne perd pas de son charme, joliment éclairé en violet/bleu ! C’est l’hôtel de ville. A gauche, il y a un musée de la police (et j’imagine un commissariat ?), dans lequel je ne suis pas encore allée.
Un autre côté de Bradford : la pauvreté ambulante
Si Bradford a de très jolis bâtiments, des coffee shop mignons, un parc magnifique (Lister Park), elle a aussi des aspects de quartiers malfamés de Chicago (de ce que j’en ai vu dans les films hahaha). Bradford, ancienne ville industrielle, est très pauvre. L’Etat ne semble pas avoir de sous pour opérer des grands changements de reconstrution/démolition/réhabilitation etc, la ville est démunie. L’Europe investit très peu dans cette ville (et plus généralement dans le nord de l’Angleterre). Cela explique que la majorité des habitants aient voté pour le Brexit. Nous discutions politique, peu de temps après mon arrivée, avec un anglais originaire de Londres, dans un pub (The Exchange, un pub que j’aime beaucoup d’ailleurs !) et celui-ci nous a dit que les grosses villes riches étaient contre le Brexit et les villes pauvres comme Bradford pour, parce qu’ils pensent que l’UE ne les aide pas et les rend plus pauvres encore.
Toujours est-il que j’ai été assez marquée par la pauvreté : les bâtiments en ruine, abandonnés, dont personne ne veut. Le gros panneau décoloré « à vendre » devant un magnifique bâtiment historique, avec des colonnes : selon moi, il devrait normalement appartenir à l’Etat mais, faute de budget, il décrépit, et la nature reprend ses droits autour de lui. Surprise aussi au début de voir des rues pavées pas entretenues, des mauvaises herbes poussant entre les dalles. Des endroits où les détritus jonchent le sol, des bouteilles en verre cassées sur le trottoir. Le plus flagrant, c’est cet imposant bâtiment abandonné, qui devait être très beau autrefois, aux abords du centre-ville et à côté de l’Alhambra (magnifique théâtre où je vais aller en novembre pour voir Mama Mia). C’est tellement dommage… Et ça ternit forcément l’image de Bradford…
L'immigration
< Excellent curry masala au Kashmir restaurant
On repère l’immigration partout. J’ai un cours de bollywood et la majorité des participants sont originaires de ces pays. De plus, j’ai jamais vu autant de femmes voilées à l’université, c’est impressionnant au début mais on s’y habitue très vite. Je croise également quotidiennement des femmes portant le voile intégral où l’on voit que les yeux. Il y a beaucoup de restos pakistanais, iraniens, syriens. Le nombre de mosquées est plus important que le nombre d’églises, elles font parties du paysage.
La fac : University of Bradford, ce que j'en pense
L’université de Bradford est plutôt pas mal ! Ce qui est surprenant ici, cest que les élèves ont très peu d’heures de cours comparé aux étudiants français. Il faut savoir que j’ai entre 21 et 24h de cours par semaine à la fac de droit de Toulouse. Ici, en tant qu’Erasmus, j’ai seulement 8 à 9 heures de cours (oui, je sais, c’est quedal, quetchi nada, mais pour ma défense les cours sont en anglais et j’ai des examens quand même, donc hein !) mais ce qui m’a choqué, c’est le fait que les locaux aussi n’aient que 5/8/10h de cours max… Une nana m’a dit qu’elle aurait que 4h au semestre 2. Je suis donc moins surprise qu’il y ait autant d’associations, et d’activités extra-scolaires : ils ont le time les anglais !
Car, ici, il y a beaucoup d’associations et clubs, comme dans les films ! Assos de sport of course, de pom pom girls, de karting, de paintball, de pâtisserie, de bollywood (héhé, c’est ce que je fais cette année, tous les lundis soirs pendant deux heures, c’est sportif !), de henné, une asso de la paix… C’est impressionnant !
La bibliothèque universitaire est ouverte 24h/24. Il y a un Costa café et un Starbuck dans la fac, une petite librairie, deux petites supérettes, un glacier, deux bars, des distributeurs de billets ! Etrange pour nous, petits français ! Ah, et très important de relever aussi, je trouve que les professeurs, l’équipe administrative, etc sont très présents pour les étudiants. Il y a un support plutôt incroyable pour nous aider, et ils sont d’une gentillesse…
BILAN DES UN MOIS
J’ai visité :
- Sheffield
- Leeds
- Liverpool
- Saltaire
- Ilkley
- York (deux fois, c’est ma ville préférée jusque maintenant)
J’ai fait :
- deux randonnées (Saltaire, Ilkley)
- visiter 3 musées (musée des médias à Bradford, musée à York, musée maritime à Liverpool)
- participer à un coffee crawl à Bradford : c’est-à-dire un tour des cafés sympas organisé par une asso de la fac, j’ai payé aucune des mes consos et j’ai trouvé des endroits super, comme le café d’où je vous écris en ce moment !
- des soirées