Canada,  Journal de bord

PVT Canada – Le retour d’un si grand voyage

Je suis rentrée définitivement de mon PVT Canada le 27 juillet 2024, après un total d’environ quinze mois passés là-bas. Ce PVT, je ne l’imaginais pas tout à fait comme ça. Pourtant, si on me donnait l’occasion de remonter le temps en toute conscience, je ne changerais rien. Mon aventure au Canada a été magnifique de bout en bout. 

Je suis rentrée il y a maintenant six mois. Mon PVT a expiré il y a dix jours. Six mois, ça fait un peu long pour sortir un article conclusion. La vérité, c’est que j’ai mis plusieurs mois à le rédiger. Il faut croire que j’ai eu du mal à digérer la fin de ce voyage… Une partie de mon cœur est restée là-bas. Et je n’étais pas sûre de ma réponse à la question « et maintenant ? »…

Dans cet article, je reviens enfin sur ce grand voyage qui a bouleversé le reste de ma vie -rien que ça- et je m’exprime sur le retour d’un tel voyage. 

Quinze mois, c’est beaucoup et peu à la fois. En janvier 2023, lorsque j’ai débarqué à Montréal, j’imaginais ce PVT comme une succession continue d’aventures qui durerait deux ans. Finalement, ce fut un PVT en deux parties : une première partie qui a duré huit mois et demi et une seconde de six mois et demi. Entre temps, je suis rentrée en Europe pendant quatre mois, et plus précisément en Allemagne, où j’ai vécu de jolis moments dans le pays de mon amoureux. Je me suis promis que je finirais le voyage que j’ai entrepris. Je suis donc repartie en janvier 2024, direction les territoires, le grand nord, pour y vivre tout l’hiver ! Certaines personnes dans mon entourage m’ont trouvé farfelue d’arriver à cette période. Mais j’adore la neige et expérimenter l’hiver au Canada était la chose la plus excitante pour moi. Alors, deux fois de suite effectivement, j’ai fait le choix d’arriver en janvier. Si à Montréal, il faisait seulement -3 quand j’ai posé le pied dehors pour la première fois, le choc fut plus rude sur le tarmac de Yellowknife, avec un -30 degrés ressentis -40°C. C’était incroyable ! 

Mon PVT en chiffres

Nombre de territoires visités: 2 (sur trois… n’ayant pas les moyens financiers de me rendre au Nunavut !)

Nombre de provinces visitées: 9 (toutes sauf le Manitoba)

+ Etats-Unis: Alaska et Floride

6 volontariats dans 4 provinces différentes: Québec, Ontario, Nouvelle-Ecosse, Alberta

2 jobs rémunérés dans 2 provinces différentes : serveuse à Cap-aux-Os (Québec), barista et assistante administrative à Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest)

7 dodos chez l’habitant (Couchsurfing, ami d’amis, rencontre sur la route)

  • St. Andrew’s (Terre-Neuve)
  • St. John’s (Terre-Neuve)
  • Rimouski (Québec)
  • Gibsons (Colombie-Britannique)
  • Vancouver x2 (Colombie-Britannique)
  • Moncton (Nouveau-Brunswick)

Animaux sauvages croisés:

  • ours
  • élans, wapitis, cerfs
  • baleines, dauphins, phoques, lions de mer
  • renards
  • biquettes  

Nombre d’ours croisés: 51

  • ours noirs: 38
  • grizzlis: 13

Faits notoires

  • J’ai rencontré l’amour de ma vie, le premier jour de mon PVT – même s’il est devenu mon copain bien des mois plus tard – dans mon dortoir de l’auberge de jeunesse de Montréal
  • J’ai marché sur les premiers mètres de la route de glace la plus longue du monde, dans les TNO – même si on a rebroussé chemin très vite car on a entendu un énorme crack et vu la fissure subséquente après le passage d’un camion
  • J’ai appris à faire du sirop d’érable – article à (re)lire ici
  • J’ai acheté et revendu une voiture – la veille de mon vol retour – juste pour un road trip de deux mois
  • J’ai vu des aurores boréales incroyables pendant quatre mois, à Yellowknife – notamment dans des occasions aussi banales qu’inattendues : en sortant de la brasserie, en sortant du travail…
  • J’ai dormi chez des gens que je ne connaissais pas, pour la première fois, grâce à Couchsurfing 
  • J’ai habité sur une maison-bateau article à (re)lire ici ; l’article sur la communauté des houseboaters ici

Qu'est-ce que j'en retire ?

Je suis fière de ce que j’ai accompli en quinze mois. Je suis fière d’avoir fait ces road trip en solo sur des milliers de kilomètres, cherchant mes spots dodo seule, dormant au milieu de nul part. Je suis fière d’avoir traversé Terre-Neuve en auto-stop (article à lire ou relire ici). Je suis fière d’être retournée au Canada et d’avoir passé mon rêve en priorité. 

Des regrets ?

Ne pas avoir franchi le cercle arctique et être allée à l’océan arctique par la Dempster Highway.

Le retour

Le retour n’a pas été facile facile. Ce fut dur de se dire que ce chapitre était fini et qu’il fallait maintenant avancer. Ricco et moi avons beaucoup la tête dans nos souvenirs – qu’ils soient matériels ou immatériels. Je suis régulièrement plongée dans mes posts instagram. A l’occasion de l’édition de mon album photos Polarsteps, j’avais le nez dans mon précieux journal de route, le disque dur ouvert sur ces milliers de photographies prises au cours des 18 derniers mois. Nous sommes entourés des objets que nous avons ramené ou acheté en souvenirs du Canada. Nous avons fixé les plaques d’immatriculation des provinces et territoires canadiens ainsi que des deux Etats américains visités par Ricco (nous avons tous ces lieux en commun, exceptés le Manitoba et le Nunavut) sur notre porte de chambre. Nous parlons également beaucoup du Canada et de nos PVT. Nous nous faisons revivre nos aventures à coups d’anecdotes. Je regarde des reportages de français ayant tout quitté pour vivre en Alaska, je suis toujours excitée quand il y a un film qui se passe au Canada disponible sur Netflix. 

La liberté que l’on avait me manquait. L’insouciance qui caractérisait cette période me manquait.

C’était dur parce que nous étions alors censés reprendre une vie normale, sédentaire, dans un pays nettement moins excitant et exotique. C’est toujours un peu dur aujourd’hui parce que je suis dans un pays dont je ne comprends pas encore bien la langue mais à vrai dire, je serais sans doute bouleversée aussi si j’étais en France. Le Canada nous manquait et nous manque toujours beaucoup. 

Et maintenant ?

Retourner au Canada pour s’y installer ?

Nous parlons parfois d’y retourner pour s’y installer. Il est vrai que la vie y serait plus douce par bien des aspects. Le Canada offre une qualité de vie à part. Nous pourrions construire une vie sociale avec des amis communs à qui l’on parlerait anglais. Ca nous est arrivé de parler de projets fous d’ouverture d’auberge de jeunesse – j’ai toujours dit que c’était mon plan C si le droit ne marchait pas. Nous nous heurtons quand même à nos interrogations. Et si, en voulant repartir au pays des caribous, nous voulions en réalité fuir les difficultés linguistiques et culturelles que notre couple binational rencontre ? Et si nous voulions toucher l’extraordinaire encore parce que le quotidien ici nous semble trop fade ? Je me dis que le choc serait d’autant plus rude lorsque nous reviendrions, dans quelques années. La pression sociale et professionnelle pèse sur moi également : si je ne démarre pas une carrière dans le milieu juridique ou judiciaire maintenant, ça n’arrivera jamais, je louperai le train et ce sera fini pour moi. Un brin dramatique, je sais. Nous pensons aussi à la famille que nous voulons créer un jour. Avant de tomber amoureuse de Ricco, j’avais en tête que mes enfants seraient proches géographiquement de leurs grands-parents. Et puis, il y a aussi nos proches qui sont déjà là et dont nous voulons profiter. Vivre de l’autre côté de l’Atlantique, d’autant plus si c’est dans un endroit reculé comme Yellowknife (rappelons qu’il y a au moins deux avions à prendre, environ douze heures d’avion, huit heures de décalage horaire…), n’est pas anodin.

Osciller entre des états d’euphorie à des états bien plus modérés

Nous avons oscillé entre des états d’euphorie à parler voyages et projets fous d’expatriation à des états bien plus modérés où le raisonnable l’emportait. D’un côté, les hivers enneigés par -30°C à accueillir des voyageurs du monde entier dans notre auberge douillette ; de l’autre, une vie plus rangée en tant que fonctionnaire pour le Ministère de la justice, installés dans la campagne allemande peu après la frontière. Il est incroyable de constater à quel point nous étions lunatiques au quotidien. 

Aujourd’hui, notre plan semble fixe.

Je suis un peu plus apaisée à l’idée de la sédentarité, même si de temps à autre, je suis prise d’une envie de partir loin. L’idée, comme je le mentionnais plus haut, est de travailler du côté de Strasbourg dans le milieu juridique voire judiciaire. Il se peut que j’ai toujours des envies d’ailleurs quand je serai installée. Mais il est nécessaire, pour avancer, d’avoir un plan. Alors j’essaie de m’y tenir et de ne pas flancher. Nous avons besoin de cette stabilité pour le moment. J’ai besoin de renflouer les caisses pour pouvoir relancer un gros projet dans quelques années et ce faisant, je souhaite faire un travail qui m’épanouisse et m’assure une carrière plus ou moins en lien avec mes études. Ricco, de son côté, ne peut de toute façon pas repartir dans l’immédiat s’il veut garder son emploi aux multiples avantages.  

Nous nous raccrochons à nos voyages touristiques occasionnels. Ce mois-ci, nous sommes partis une huitaine de jours en Finlande. Nous avons visité Helsinki, utilisé le train de nuit finlandais, fait un petit road trip en Laponie. Ce périple a fait l’objet d’un vlog, que vous pouvez retrouver ici.

Nous avons besoin de carburant pour tenir le choc de cette vie qui nous semble, personnellement, monotone. Notre carburant sont nos projets voyages et escapades. Ricco me parle déjà de partir au Groënland le prochain hiver ! Des idées, on en a certainement :un long voyage ferroviaire sur le Transsibérien, un road trip de chez nous (actuellement, en Allemagne) jusqu’au Cap Nord en Norvège, … ! Sans compter nos escapades en France ! Mais chaque chose en son temps…

Je finis ma période de travail au restaurant du village voisin comme commis de cuisine, puis j’espère trouver un emploi qualifié et épanouissant en France, pour pouvoir enfin s’installer ensemble, que tous les deux, avec Ricco – nous habitons actuellement avec ses parents dans la grande maison familiale.

Affaire à suivre, donc 🙂

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Un commentaire

  • Nina

    Tu m’as mis les larmes aux yeux.
    Je trouve que 6 moins pour digérer un voyage aussi incroyable que ça c’est très raisonnable!
    Tu assures!
    J’ai adoré le compte des ours

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