Musée de l’Insurrection de Varsovie, Milk Bar, remparts & discussions au bord de la Vistule
Dimanche 10 septembre
« Comment peut-on amener de petits enfants ici ? Ils ont le temps de voir et d’apprendre les horreurs et erreurs commises dans ce monde… »
– ma réflexion à maintes reprises dans les allés du Musée de l’Insurrection
J’ai dit à Maciej la veille que je voulais aller au Musée de l’Insurrection et, ce matin, accompagné d’un nouvel acolyte (Vincent, très charmant), il me dit qu’on pourrait y aller à pied. Il m’assure que c’est pas si loin, que ça fait du bien de marcher, que j’économise en transports. Sceptique mais coopérante, je cède et nous voilà partis, tous les trois. Après une heure de marche, en plein soleil, sous une chaleur de plomb (peut-être que j’abuse un petit peu), de grommellements, de paroles sarcastiques et de râleries de ma part, nous voici enfin arrivés !
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Je suis au Musée de l’Insurrection de Varsovie*. J’avais vraiment très envie d’y aller, mon devoir de mémoire devait commencer. Il faut dire qu’outre les nombreux paysages que je vais être amenée à voir, la culture que je vais m’apprêter à découvrir, et l’argument (très important, il faut l’admettre) du coût bas de la vie ici, je suis aussi et surtout venue en Pologne pour en apprendre plus sur la Seconde Guerre mondiale, la Shoah et la résistance polonaise… J’ai toujours été très touchée par cette période historique. Depuis très longtemps, elle m’a intéressée et je voulais savoir, j’essayais de comprendre l’entièreté du phénomène. C’est donc pour un devoir de mémoire et surtout par mon envie d’en connaître davantage que j’ai choisi la Pologne, parmi les pays de l’Est.
Minute explications :
Le musée de l’Insurrection de Varsovie (en polonais Muzeum Powstania Warszawskiego) est un musée consacré à l’Insurrection de Varsovie de 1944.
Il a ouvert ses portes dans l’ancienne centrale électrique des tramways le à l’occasion du 60è anniversaire du soulèvement de la ville contre l’occupation par l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Construit entre 1904 et 1908, ce bâtiment en briques est typique de l’architecture industrielle du début du 20è siècle. Aujourd’hui entièrement restauré, il abrite ce musée qui compte parmi les plus modernes et les plus interactifs de Pologne.
Il s’est également donné pour objectif de conserver l’ensemble des archives, des informations historiques sur le soulèvement et des témoignages des insurgés survivants et parraine des travaux de recherche sur l’histoire du soulèvement et sur les activités de l’État polonais clandestin durant la seconde guerre mondiale.
Nous n’avons pas payé l’entrée : c’est gratuit le dimanche !
Nous avons débuté la visite. Les explications des expositions ainsi que la documentation détaillée à chaque étape de la visite sont en anglais et en polonais. Cela ne m’a généralement pas dérangé, sauf pour certains termes techniques, mais je pense que les photographies, maquettes, etc parlaient pour elles-mêmes.
Il y avait de nombreuses photographies, qui m’ont beaucoup touchées. Le musée est très moderne puisqu’il propose aussi des enregistrements audio et vidéo. D’ailleurs, une mamie pleurait presque devant un mini-reportage, j’aurai aimé la serrer dans mes bras. Je me trouvais là, à côté d’elle, me demandant si quelqu’un de sa famille était décédé dans cette horrible guerre, ne sachant que faire… Peut-être était-elle simplement émotive ?
Le musée réunit des centaines d’objets, allant des armes utilisées par les insurgés aux lettres d’amour (traduites en anglais, bien évidemment) envoyées à l’époque. J’ai pu avoir une représentation complète des personnes impliquées et j’ai eu les réponses à ma question : « qu’est-ce que c’est qu’être résistant ? ».
Tour d’observation du Musée, drapeau & symbole de la résistance polonaise – Photographie de Darwinek*
Vers 14h, nous sommes allés déjeuner sur Nowy Swiat.
Bar Mleczny, Milk bars, Bars à lait ou Cantine polonaise
Restes de l’histoire communiste du pays, les bars à lait sont des cantines où se rendent régulièrement les locaux.
Maciej est lui-même un habitué puisque c’est lui qui m’a dit que fallait absolument qu’on mange là, que c’était pas cher et très bon. « Ne t’attends pas au restaurant ! Ici, tu choisis ce que tu veux puis tu payes et on te sert comme dans un self », me prévient Maciej avant d’entrer dans l’établissement. Je suis intriguée.
Les étapes
- Effectivement, en entrant, une grande carte murale où fallait choisir (tout écrit en polonais bien-sûr, mais je ne me souviens plus s’il y avait les traductions en anglais). En voyant mon air hébété, Maciej m’indique quoi prendre.
- Ensuite, une mini guérite où l’on distingue à peine une bonne femme à l’intérieur (on dirait un confessionnal d’église, m’enfin) : on est censés dire ce que l’on veut manger (c’est Maciej qui lui a dit pour moi, dans un magnifique polonais !). La mine renfrognée, elle m’a sorti un ticket, que j’ai dû tendre ensuite à la cuisto dans la cuisine. Je m’attendais limite à voir Red (de Orange is The New Black, si vous avez la référence !), pour dire !
- Celle-ci m’a alors servi ce que j’appelle une « tambouille », un plat à la bonne franquette. C’était de la purée avec du filet de poulet. J’avoue que je n’ai pas voulu me mouiller et j’ai pris un truc très classique. Honte à moi ! Mais c’est pas grave parce que Maciej avait choisi des plats traditionnels qui m’ont beaucoup amusé ! Une zupa rouge sang avec des haricots (oui, ils ont le chic d’associer liquide et solide dans une soupe, tu en verras plus dans un article suivant, à Gdansk !) et un plat étrange fait de pommes de terre garnies d’un je-ne-sais-quoi (pas même Maciej est foutu de me dire ce que c’est !).
Pour les curieux et futurs voyageurs en Pologne : en légende, les noms polonais des plats !
Minute explications :
Après la chute du régime communiste et du bloc de l’Est, la majorité des bar mleczny ont mis la clé sous la porte à cause de la nouvelle concurrence que leur faisaient les restaurants classiques. Mais grâce aux subventions du gouvernement, quelques uns de ces établissements demeurent ouverts, notamment pour permettre aux populations les moins aisées de se nourrir. C’est pourquoi, en mangeant dans l’un de ces bars à lait, tu peux avoir comme voisin de table un actif pressé cherchant un repas copieux, rapide et bon marché et un sans domicile fixe cherchant simplement un repas qu’il puisse s’offrir. (Source : http://vadrouille-et-tambouille.com/)
On n’aurait pas dit un restaurant mais plutôt la Soupe populaire. Pourtant, plusieurs couches sociales mangeaient ici ce jour-là : il y avait des gens en costards ou manifestement en tenues de bureau (qui mangeaient d’ailleurs très vite), étudiants, personnes âgées, … Très intéressant.
Dommage, je n’avais plus faim pour le dessert, j’aurai pu goûter un vrai truc local.
J’ai payé deux euros pour un plat très copieux !
Puis, je me suis rendue, seule, aux remparts (rue Podwale), au niveau de la Vieille ville. J’avais envie de me retrouver, de me promener.
La promenade des remparts
Face à la rue Kilinskiego, le monument du Petit Insurgé. Casque démesuré sur le crâne et pistolet à la main, il rend hommage aux enfants morts lors de l’insurrection de Varsovie. Entre le musée de ce matin et ça, j’ai les boules.
Le soir, après avoir acheté de quoi manger au supermarché non loin de notre hostel, Maciej et moi sommes allés au bord de l’eau (la Vistule). C’était très agréable, nous avons discuté de tout et de rien. En revenant à l’auberge, nous nous sommes posés dans le lounge où nous avons retrouvé les anglais (Jack et Sarah, de Manchester), un américain et un chypriote qui a un fort accent turc quand il parle anglais.
Nous finissons par parler politique. Sarah nous confie qu’elle fait partie des anglais contre le Brexit.
En tout cas, les frangins m’ont parlé des destinations prévues pour la suite de mon voyage : Cracovie serait une ville géniale et Sarah me prévient qu’Auschwitz sera un terrible après-midi. Je m’en doute bien, j’ai du mal à réaliser que je vais y aller. J’ai un peu d’appréhension.
Dodo time !
Next → Direction Ostroda, mini-étape malheureuse avant mon arrivée à la mer Baltique !
Malheureusement, la transcription de ce carnet de voyage a subi une pause il y a quelques années et a vocation à ne pas reprendre.
Notes de bas de page
* Les photographies de cet article ne sont malheureusement pas de moi, faut croire que j’étais pressée de visiter le musée et que je n’y ai pas pensé. Elles proviennent donc de Wikipedia Commons, la plateforme de photographies libres de droit. Tu peux retrouver ici celle de Roman Eugeniusz, ici celle de Darwinek et là celle de VnGrijl.
* L.e Musée de l’Insurrection : le musée est situé dans l’arrondissement de Wola, à l’angle des rues Przyokopowa et Grzybowska.
Si vous ne voulez pas marcher comme moi pendant une heure pour se rendre au musée (pas que ça à faire, non mais oh !) : accès en tramway = n°20, 23 et 26 de la place Bankowy & n°8, 22 et 24 de la rue Jerozolimskie.
Jours et horaires d’ouverture : lundi, mercredi et vendredi = 8h-18h, jeudi = 8h-20h, week-end : 10h-18h.
Prix : entre 15 et 25 PLN, gratuit le dimanche !
Site web : www.1944.pl
* Le Bar à lait dans lequel j’ai mangé : Familijny Bar, Novy Swiat 39
3 commentaires
Mark
Thanks for your blog, nice to read. Do not stop.
Maéva
Thanks you very much Mark! I’m glad you could translate my article and happy you liked it!
Maéva
Thanks you !!