Chiang Rai : l’extraordinaire étape, la + au nord de notre périple
Le jour 11, toujours à Chiang Mai, fut occupé à visiter un « musée » de l’illusion d’optique. Dans le Art in Paradise (existant aussi à Pattaya et à Bangkok), nous sommes invités à nous glisser dans le cadre pour faire partie intégrante de l’œuvre. C’est très intéractif grâce à une application, et super pour les enfants et adultes ayant une âme d’enfants. Je vous passe les photographies ridicules – j’aimerais me concentrer sur les jours 12 et 13 à Chiang Rai : l’étape la plus au nord de notre voyage !
8 juin 2019
Nous avions que deux ou trois jours à Chiang Rai. Nous allions devoir être rapides. Ca promettait d’être intense. Ainsi, après quelques heures dans le bus pour rejoindre notre dernière étape du nord de la Thaïlande, nous décidons de faire confiance. Faire confiance au réseau Facebook, faire confiance à un français expatrié à Chiang Rai qu’on ne connaît ni d’Eve ni d’Adam mais dont on a des retours positifs sur les escapades qu’il propose. En effet, il propose aux voyageurs de faire visiter la province de Chiang Rai, en une journée, hors des sentiers battus, dans son SUV. Il nous explique au téléphone le programme (je ne dis rien, vous verrez plus bas ce qu’on a effectivement visité !), le fait qu’il prend une cinquantaine d’euros par personne mais qu’on sera que toutes les deux, qu’on aura les explications en français et surtout qu’on sera hors des sentiers battus nom d’une pipe ! Que demande le peuple ? Je dois avouer que j’étais un poco réticente, parce que 50-60 euros pour une journée, tout le monde sait que c’est cher pour un pays comme la Thaïlande. Le mec, il ne perd pas le nord ! Mais tant pis, on se dit que ça vaut le coup, que c’est une opportunité de fou, et on veut voir des choses extraordinaires.
On réserve ça, on se donne rendez-vous le lendemain, en début de matinée. Donc, nous avions l’après-midi seulement pour nous rendre aux différents temples originaux présents à Chiang Rai, qui nous tenaient à cœur de visiter.
Nous nous la sommes donc jouer local et avons pris un bus de l’après-guerre pour nous rendre au Temple blanc. Je n’ai jamais vu de bus comme ça de ma vie. C’est… dépaysant. Déjà, la porte grande ouverte pendant qu’on roule (assez vite je dois dire). Des ventilateurs vissés au plafond. Genre des ventilateurs comme chez vous et moi, mais accrochés au plafond du bus. Un bus métallique, où on peut même s’asseoir à côté du chauffeur, dans le plus grand des calmes. C’est assez difficile de mettre des mots, les bons mots, pour décrire ce bus.
Nous arrivons dans une sorte de zone commerciale, ce n’est pas l’endroit où l’on imagine un temple bouddhiste. Et pourtant, il est là, et brille devant nous : le Wat Rong Khun, le temple blanc.
Typiques touristes, nous arrivons en shorts. On nous arrête et on nous demande de mettre un pantalon. Nous allons mourir de chaud mais alright, allons-y ! Heureusement que nous y sommes habituées et avons toujours un pantalon au cas où ! Les thai, quant à eux, sont à l’aise en jean : ont-ils perdu toute notion de température et de chaleur ?
Le temple est véritablement magnifique. Il n’est pas comme les autres. Tout de blanc vêtu, il brille au soleil avec ses innombrables mini miroirs étincelants.
Ce qui marque, outre ses formes saillantes et son blanc immaculé, c’est la multitude de détails invraisemblables à l’extérieur du temple (aux abords du temple et plus généralement dans le parc) mais aussi à l’intérieur du temple. Il est impossible de prendre des photos à l’intérieur mais je vais vous dire ce qu’il y a dedans : des fresques géantes composés d’éléments de la pop culture ! C’est pour le moins surprenant dans un temple bouddhiste. En fait, ce temple n’est pas siiii spirituel que cela : en effet, il s’agit avant tout d’une massive œuvre d’art de l’architecte Chalermchai Kositpipat qui s’est fait plaisir ! En soit, le blanc représenterait tout de même la pureté du bouddhisme !
Ensuite, en sortant du temple blanc, nous avons visité le parc et avons découvert de multiples autres détails complètement fous. Par exemple, pourquoi ont-il pendu ces têtes de superhéros ? Faut avouer que c’est étrange !
Puis, nous sommes « tombées » sur le temple doré. Alors celui-ci n’était pas au programme, on ne connaissait même pas son existence je crois ! Ce fut une jolie découverte ! Les temples thai sont imposants. Même si la majorité des bouddhas sont dorés, en général, le temple en lui-même n’est jamais doré comme celui-ci ! C’était époustouflant ! Il ne semble jamais y avoir de demi-mesure quand il s’agit de monuments religieux !
Nous rencontrons par hasard un vieil expatrié français qui nous vante sa région et nous souhaite un bon voyage. C’est incroyable de se dire que certains font le choix de tout quitter et venir en Thaïlande, dans des lieux sauvages, authentiques et pauvres tels que Chiang Rai (ils auraient pu choisir les îles paradisiaques par exemple !). La Thaïlande n’est pas vraiment très occidentalisée et le choc des cultures est grand. Respect à ce monsieur qui vit sa retraite avec épanouissement.
Après une petite pause et un tour rapide dans la boutique-musée de l’artiste, nous nous figurons qu’il faut repartir si nous ne voulons pas louper la visite du temple bleu qui ferme dans peu de temps ! En effet, nous nous rendons compte qu’il n’est pas du tout à côté, et qu’il va falloir prendre des transports pour s’y rendre ! Nous rencontrons un couple hispanique, nous négocions avec eux un taxi collectif et nous voilà partis tous les quatre pour le temple bleu !
Le temple bleu est encore une fois un coup de cœur ! Ces temples changent tellement des nombreux temples traditionnels que nous avons vu ! C’est une bouffée d’air frais ! Les éléments de la culture bouddhiste sont évidemment présents. Je pense que parmi les deux temples visités ce jour, mon préféré reste le temple bleu. Il m’a littéralement envoûté. Celui-ci nous a semblé également beaucoup plus spirituel que le temple blanc.
9 juin 2019
Une grosse journée nous attend. L’homme avec qui nous avons réservé, le français expatrié, nous emmène dans son SUV. Il a la tchatche, c’est le moins que l’on puisse dire. Il a des convictions, parle fort et vite, nous demande si on est d’accord avec lui. S’il peut être drôle, il est surtout assez intimidant.
Il nous a d’abord emmené aux plantations de thé. Choui Fong Tea Plantation est une exploitation chinoise qui produit en Thaïlande. C’est la première fois que nous voyions des champs de thé. C’était beau. Je me souviens de la quiétude des lieux, des oiseaux, des dames qui cueillaient les feuilles de thé en silence, non loin de nous. Au sein même de l’exploitation, il y a la boutique et un endroit où boire du thé sur une terrasse surplombant les plantations. Nous avons le privilège (ou proposent-ils ça à tous les clients et visiteurs ?) de voir la préparation traditionnelle du thé et d’en goûter plusieurs variétés produites ici. Je sens le coup monté de la part de notre petit expatrié français, nous a-t-il aussi emmené ici pour que nous achetions ? A-t-il une commission ? Tant pis, je me laisse porter par le moment et c’est vrai que le thé est très bon. Nous optons pour celui avec l’emballage rose, qui a un goût assez fleuri, et en achetons pour nos proches. Faut dire que c’est un cadeau trop cool ! Local !
Nous avons ensuite pris une direction inconnue. Notre guide nous dit au dernier moment où il nous emmène. C’est assez intriguant (et étrange) de ne pas forcément savoir où l’on va. Ça aura été le voyage de la confiance, je vous le dis !
Le SUV emprunte une petite route puis un chemin dans une jungle. Nous croisons des randonneurs mais ils se font rares. On se gare.
Nous allons à la rencontre d’un moine ermite exceptionnel. Ce genre de personnes qui décident de s’isoler et de renouer contact avec la nature, avec l’essence même de la nature. Je crois que c’est le plus haut niveau de prise de conscience de soi, enseignement que prône le bouddhisme. Notre guide nous explique que par hasard, en se promenant et explorant sa région d’accueil, il a découvert cet endroit et a fait la connaissance de ce moine. Bien que les gens le pensaient fou, il a construit son havre de paix dans la montagne. Tandis que nous marchons dans une forêt dense de bambous, nous apprenons qu’il a œuvré pendant des années pour construire tout ce qui nous entoure : forêt de bambous, végétation luxuriante, palmiers, étangs. C’est aussi lui qui a mis en place de grandes statues de Bouddhas ici et là, une cabane en bois sommaire mais apaisante. Médite-t-il ici ?
J’entends une musique bouddhiste, nous approchons de l’habitation du moine ermite. La musique se fait un peu plus forte. Des chiens nous accueillent doucement. Je crois qu’à ce moment-là, je suis dans un autre monde. Je n’en crois pas mes yeux. C’est si fou d’être ici. A notre gauche, un ponton qui offre une vue à couper le souffle. Notre guide nous intime de rentrer dans la maison en bois noir. Nous faisons la rencontre du moine. Nous sommes très timides, et nous ne parlons pas sa langue. Notre guide nous propose de faire une photographie avec lui, cela ne me semble pas adapté, pas respectueux, pas naturel. Ces instants ne nous appartiendront qu’à nous, à tout jamais. Était-ce d’ailleurs vraiment notre place d’être ici ?
Plantations de café de Doi Chaang. Notre guide du jour nous dit qu’avant, ici, ce n’était que des champs d’opium, mais que ça a été interdit par le Roi. Ils ont donc dû se reconvertir dans autre chose. Le Roi aurait participé à l’instauration, à la mise en place de cette nouvelle activité à grande échelle dans la région.
Nous arrivons dans une plantation (Doichaang Phusawang Coffee Group). Je me souviens m’être demandée si nous avions le droit d’entrer, nous semblions franchir une propriété privée. Il nous dit connaître les propriétaires. Pourtant, l’entreprise semble bien vide. Finalement, un homme arrive, ils discutent vaguement, tout sourires. Parlaient-ils en thai ? Je ne me souviens plus…
Au moment de notre visite, ce n’était pas la saison de la collecte des grains de café. Ils n’étaient pas encore mûrs. La production semble ici artisanale, c’est assez rustique. J’aurai aimé être là au moment de la récolte des grains de café et de leur transformation, voir l’exploitation en pleine effervescence. Nous avons peine à croire que nous sommes entourés, à perte de vue, de champs de café. Nous sommes impressionnées. Il est déjà temps de repartir, nos arrêts sont brefs mais suffisants. Prochaine étape : repas de midi ! Nous parcourons beaucoup de kilomètres depuis le matin et passons pas mal de temps dans la voiture, mais ça vaut le coup ! Nous ne sommes pas très loin de la frontière birmane.
Nous mangeons dans un restaurant local, avec une vue à couper le souffle. Les restaurateurs sont des amis de notre guide. Il y a 5 ethnies dans cette région et ils font partie de l’une d’elles. Je mange une sorte de purée, une des meilleures que j’ai mangé de ma vie. Les quantités sont importantes, je ne finis pas mon plat. Je ne réalise pas que nous sommes là, au fin fond de la cambrousse thai, dans une zone si sauvage et reculée. Au milieu de familles ethniques venues il y a des décennies se réfugier ici. Au moment où j’écris ces mots, ça me semble encore plus incroyable et j’ai du mal à réaliser que nous l’ayons vécu.
Notre guide tient absolument à nous emmener quelque part, c’est la surprise de la fin avant de nous amener à la très célèbre et touristique (mais immanquable) Déesse de la compassion. Nous voici donc arrivés à une source d’eau chaude je-ne-sais-où autour de Chiang rai. C’est un lieu où seuls vont les thai. Effectivement, dans mes souvenirs, je ne crois pas avoir vu le moindre écriteau écrit en anglais. Un vieil homme vend de vieux légumes pas loin de l’entrée de la piscine. Tout est très calme. Nous nous baignons dans une eau à 37-38 degrés, auprès d’une petite famille thai. Seuls les enfants sont en maillots, les adultes sont dans l’eau habillés. Les locaux sont très pudiques. Je suis assez gênée dans mon maillot 1 pièce échancré. Nous discutons avec notre guide. Nous finissons par partir. C’était très agréable, et inhabituel. Malheureusement, je n’ai pris aucune photographie de ces moments… Dommage…
Déesse chinoise de la compassion. 6 kilomètres en dehors de Chiang Rai, au moins 50m de haut (j’ai le souvenir que notre guide nous avait dit 75m mais je ne suis pas sûre…).
Notre journée avec l’expatrié français s’achève, il nous ramène à notre hostel. J’en profite donc pour vous le montrer. Il était très moderne et assez classe. C’était le Baan Mai Kradan Hostel.
Ce fut une journée riche en découvertes. Merci à notre guide !
En espérant que cet article vous ait plu, je vous dis à bientôt pour le prochain article :