Au cœur du PVT,  Canada,  Journal de bord

Ile Manitoulin, Ontario : cinq semaines en volontariat dans une érablière

📍Article rédigé dans trois provinces différentes, dans diverses villes et en quarante fois. Il m’a été compliqué émotionnellement de le sortir. Il est enfin là ! 

Vous pouvez également retrouver le vlog correspondant à cette période en cliquant ici. 😊

18 mars 2023 - 22 avril 2023

22/03/2023 – Vivre les choses à 100%, au jour le jour, du mieux que je le peux.

Tels étaient -et sont toujours- mes objectifs pour ce PVT. Ce n’est pas facile au quotidien de se concentrer sur le moment présent lorsque l’on a toujours été une personne qui se projette beaucoup et qui vit davantage dans le futur que dans le présent. Ma manie de construire des projets et organiser mes voyages et ma vie en général fait que j’ai souvent expérimenté le fait de ne pas être 100% présente, tête et esprit, en un lieu. Aussitôt que je vis un événement que j’ai planifié de longue date, j’ai tendance à réfléchir au suivant. Ce défaut, qui m’empêche de vivre pleinement les meilleures expériences de ma vie, est une des raisons, je crois, qui m’empêche d’être épanouie avec un grand E. Cette habitude a des incidences néfastes : penser à demain m’angoisse. Ou plutôt penser à toute la logistique,  à la meilleure façon de procéder pour que ce soit parfait et logique m’angoisse. Je réfléchis trop et ça me prend la tête.

D’ailleurs, je mentirais si je disais que la folie des réseaux sociaux n’a pas aussi sa part de responsabilité là-dedans. Plus globalement, mon obsession de prendre des photographies et des vidéos de ce que je vis, notamment pendant ce PVT, est génératrice de pas mal de coupures avec la réalité et le moment présent. J’ai conscience de tout cela. 

J’essaie vraiment de m’ancrer dans ma réalité du jour, de moins penser à demain et aux semaines suivantes, mais c’est difficile. Il va sans dire que les moments les plus propices à la méditation et au rejet de toute pensée organisatrice de vie future sont ceux pendant lesquels je travaille, au cours de mes volontariats. De manière plus générale, j’arrête de penser à demain lorsque je suis en compagnie de mes pairs et que l’on discute de tout et de rien. Je dois préciser toutefois que -et c’est totalement absurde au vu de ce que j’ai confié précédemment- j’adore tenir des conversations sur nos projets respectifs. Je reste quelqu’un qui aime particulièrement avoir des projets. Ils sont mon moteur pour avancer. Ai-je peur du présent ? 

Aujourd’hui, au cours de ce volontariat à la ferme d’Algis, j’ai l’opportunité de me détacher du futur. Je suis ici pour cinq semaines, sur une grande île où il y a peu de personnes en cette période de l’année. La plus grande île d’eau douce au monde ne compte, en effet, que quelques 13 000 habitants pendant la majeure partie de l’année (les touristes venant gonfler largement ce nombre pendant l’été). 

02/05/2023 – Rétrospective

Nous sommes arrivés très tard sur l’île de Manitoulin, le 17 mars. Suite à un gros retard fautif de notre côté et un souci de communication du côté de notre hôte, Ricco et moi avons dormi dans un motel à Mindemoya. Au réveil, nous découvrions qu’une tempête de neige frappait depuis quelques heures et que le paysage était déjà tout recouvert de blanc. Nous nous sommes rapidement mis en route, de peur que la situation empire et que les services de déneigement ne soient pas fonctionnels. Mindemoya est à 20 minutes de la ferme d’Algis.

Nous avons été accueillis gentiment par Algis, papy de 75 ans habitant sur l’île depuis 40 ans. Algis vit seul depuis que sa femme est décédée l’an dernier. Nous faisions également la connaissance de Volodymyr, jeune ukrainien volontaire de 22 ans, arrivé dix jours plus tôt. 

Nous avons constaté assez rapidement que nous allions un peu sortir de notre zone de confort. 

Algis trait les vaches tous les matins vers 7 heures. Tous les jours, un nouveau gallon de lait frais trouvait sa place dans le frigo. Nous en buvions au petit-déjeuner, Volodymyr et Algis tard le soir. La quantité importante de lait permet aisément à notre hôte d’en faire du fromage -une sorte de paneer pakistanais- ou du yahourt. Le fromage, qui m’avait paru insipide les deux premiers jours -que voulez-vous, je reste française!- est rapidement devenu un indispensable de nos déjeuners et dîners. 

En parlant des vaches – Je pose ça là, comme ça, parce qu’il faut bien que je l’évoque. Je me suis fait courser par les vaches et le bœuf, quelques jours après mon arrivée ! La flippe de ma vie !

Le lendemain de notre arrivée, nous sommes partis pour notre première mission inhérente au processus de fabrication du sirop d’érable : percer les érables. En anglais, on dit “tap the trees”. Des centaines d’arbres avaient déjà été percés. Ce jour-là, nous avons installé une vingtaine de seaux supplémentaires. Nous devions repérer les érables puis faire le trou, si possible, face au soleil. Sous le regard amusé de Volodymyr, qui avait déjà expérimenté l’opération quelques jours plus tôt, Ricco et moi installions les seaux aux arbres avec fierté. Se voir transmettre ce savoir-faire traditionnel est une expérience mémorable que l’on n’oubliera jamais. 

Point technique : produire le sirop d’érable – Il y a deux façons, à ma connaissance, de collecter l’eau d’érable (“sap” en anglais). La première technique consiste en l’installation de tuyaux reliant les arbres entre eux à la cabane à sucre (sugar shack). L’eau d’érable coule et descend naturellement via les tuyaux dans les cuves. La seconde technique consiste à placer une sorte de bec verseur dans le trou puis un seau. Cette façon de faire est physique puisqu’il faut vider les seaux dans de plus grands sceaux puis dans la cuve tractée par tracteur. Algis utilise donc la seconde méthode. Je crois que son terrain ne se prête pas aux tuyaux, ou alors c’est trop compliqué. Le fait est que quand les seaux sont pleins, cela devient vite très très lourd à transporter. Nous étions trois volontaires à récolter l’eau d’érable (collecting the sap), Algis conduisant la majorité du temps le tracteur. Le débit de l’eau d’érable est variable. La meilleure météo pour que cela coule convenablement est -5°C la nuit et 5°C le jour. Certains jours, le débit était si important que l’on aurait pu passer deux fois dans la journée pour vider les seaux. C’était fascinant.

Par un système de pompe, la cuve attachée au tracteur était vidée dans les cuves du sugar shack. Algis utilise la technique traditionnelle pour faire bouillir l’eau d’érable : le feu de bois. Ce procédé suppose qu’il y ait toujours quelqu’un dans la cabane pour surveiller et alimenter le feu. On ne parle pas de braises ici mais d’un véritable feu de joie sous la grosse machine ! 

L’eau d’érable, qui est un liquide transparent -lorsqu’il est parfaitement frais- ayant un goût d’eau légèrement sucrée, coule dans une première cuve où elle commence à chauffer. Par un système progressif de cuves les unes plus chaudes que les autres, l’eau est chauffée, bouillie et marine des heures durant, d’une cuve à une autre. A la fin du processus de cuisson, nous obtenons un sirop. Aucun ingrédient n’est ajouté. C’est fabuleux. Je ne parle même pas de l’odeur délicieuse qui flottait dans l’air lorsque nous ouvrions les portes de la cabane à sucre.

Nous avions pris l’habitude de boire directement le sap dans les seaux lorsque nous étions déshydratés pendant les collectes, mais aussi de prendre une louche de presque sirop directement dans la cuve lorsque nous avions envie de quelque chose de chaud et sucré. Les journées étaient froides et, la plupart du temps, nous gardions le manteau à l’intérieur de la cabane. Ce breuvage faisait du bien, nous réchauffant le cœur et le corps. Nous étions vite écœurés mais cela valait le coup.

Pour savoir quand le liquide est à l’état de sirop, nous le testions avec un outil fort utile. Je n’ai absolument aucune idée de son nom, ni en anglais ni en français. Peut-être qu’Algis nous l’a dit un jour et j’ai malheureusement oublié, ou peut-être ne nous l’a-t-il jamais dit. Peut-être n’en avait-il pas lui-même la moindre idée ? Algis est une personne très curieuse qui n’hésite pas à allumer son ordinateur et demander à son ami Google lorsqu’il est confronté à son ignorance à propos d’un sujet. Ancien professeur des écoles, il est aussi très pédagogue et a à cœur d’enseigner à ses proches tout un tas de choses – qu’on lui ai demandé ou pas ! Je pense donc que j’ai oublié le nom de l’outil, hahaha ! Enfin bref, tout cela pour dire que le sap doit atteindre l’indice 65 pour qu’il soit considéré définitivement comme du sirop. 

Les prochaines étapes consistent à transporter le sirop à la maison, le faire chauffer de nouveau (au propane cette fois, pour aller plus vite) et remplir les pots en verre (jars). Lesdits pots en verre étaient soigneusement nettoyés par Ricco qui a vraiment adoré cette activité des heures durant, devant l’évier de la cuisine. Sans rire, après avoir beaucoup râlé suite au nettoyage d’une cinquantaine de pots -à se demander qui de nous deux est français-, il a finalement adopté cette activité et demandait ensuite à le faire !

Moi, je me suis spécialisée dans l’étiquetage des pots de sirop d’érable. Ca faisait bien marrer les garçons de me voir faire : je vérifiais que les pots ne soient pas collants, je les nettoyais au besoin, j’étiquetais les pots consciencieusement, je vérifiais que les étiquettes étaient bien droites et qu’elles n’étaient pas décollées sur les pots des jours précédents. Ils m’avaient proclamé inspectrice qualité. Ce titre est d’autant plus rigolo que c’était justement mon dernier job en France. 

Malheureusement, la collecte du sirop d’érable n’a duré que deux semaines, du 18 mars au 3 avril. La saison s’est achevée brutalement. Les jours suivants, nous avons chauffé le sap puis avons rempli et étiqueté les pots. Finito ! 

Après la saison de production du sirop – nous avons simplement aidé Algis à l’entretien du jardin après l’hiver. En réalité, c’était un gros travail parce qu’Algis ne s’en était pas occupé le printemps précédent suite au tragique décès de sa femme. Nous avons réparé des parties branlantes de son porche. Nous avons aidé au réapprovisionnement en bois pour l’hiver prochain : transporter le gros bois qu’Algis tronçonnait, entreposer façon tetris les bûches dans la cabane. 

Et nous cuisinions, beaucoup. Tous les soirs, nous mangions un repas préparé par l’un d’entre nous et chaque fois, c’était quelque chose de différent. Seuls les repas du déjeuner étaient répétitifs, à base d’œufs (ce qui est d’ailleurs devenu un sujet de plaisanterie lorsque l’on réfléchissait au menu du jour), de fromage et de pain (ou les restes de la veille). Volodymyr a cuisiné des salades composées qu’il a l’habitude de manger en Ukraine, des pierogi, et d’incroyables pommes de terre sautées à la poêle. Ricco a préparé des schnitzel. Quant à moi, j’ai cuisiné des croissants jambon-béchamel au four, des lasagnes, des soupes, des pancakes, des muffins. Algis nous a fait de superbes pancakes aux pommes de terre. Et bien-sûr, il cuisait dans son slow cooker du cerf qu’il avait chassé lui-même. Il ne chasse qu’une certaine partie de l’année : en octobre et novembre, si mes souvenirs sont bons. Puis, il se fait découper la viande par quelqu’un et congèle tout ensuite. Nous mangions donc du cerf. Aussi drôle que ça puisse paraître, ça goûte comme le confit de canard, en plus sec. Il cuisait aussi du porc élevé sur l’île. Moi qui suis une psychopathe du gras, je peux vous dire que je n’osais pas m’approcher trop près du slow cooker, débordant d’os, de moelle et je ne sais quoi. Mais j’étais contente et quelque peu rassurée car Ricco a tendance à être aussi écœuré que moi ! 

La vie chez Algis – Notre quotidien était ponctué de musique débordant des enceintes du 45 tours, de dégustation de sirop d’érable, de vieux films le soir venu. Je me souviendrais toute ma vie du visionnage du Magicien d’Oz qui a gagné sa place dans le top 3 des films perchés pour enfants (sorry not sorry mais Mary Poppins fait partie de ce classement). La musique Over the Rainbow est restée longtemps gravée dans ma tête, et We’re off to see the Wizard of Oz ne nous a jamais quitté, Ricco et Volodymyr se faisant un plaisir de la chantonner et la passer encore et encore, dans la cuisine, dans la voiture, en balade… L’endroit clé de la maison était clairement la table de la cuisine où nous passions beaucoup de temps. Bien que j’ai passé plusieurs heures à nettoyer et ranger le joli living-room qu’Algis avait abandonné, cette pièce était très froide car peu chauffée et peut-être remplie de trop de souvenirs dont Algis ne voulait pas se rappeler. Alors, lorsque nous ne regardions pas de film dans le salon obscure, nous restions dans la cuisine. Algis nous racontait la Nature. Il nous enseignait le travail des abeilles, la différence entre tel et tel arbre, les traces de pas des animaux du Nord de l’Ontario. Qu’importe le sujet que l’on abordait, il avait le don de dénicher un livre parfaitement en lien dans sa bibliothèque. C’était fascinant. Sa maison regorge de livres. Algis critique la Chine mais aime rappeler qu’il y a été plusieurs fois lors de missions d’enseignement dans des écoles d’été. Nous aimions comparer les mots entre les différentes langues que nous parlions : anglais, allemand, ukrainien, lituanien (langue maternelle d’Algis), français. Les mots que nos bouches écorchaient fusaient. Nous relevions les similitudes ou, au contraire, les grands écarts. Je me moquais du fait que les mots allemands ressemblent quand même, pour beaucoup, aux mots anglais et que forcément c’est plus simple pour les allemands de parler anglais (depuis, j’apprends l’allemand et je fais un peu moins la maligne !). Volodymyr me faisait lire des mots en écriture cyrillique. Je découvrais d’ailleurs qu’il y a des différences entre l’alphabet russe et l’alphabet ukrainien. Parfois, Algis pouvait parler longtemps, sans discontinuer, nous expliquant telle ou telle chose. Si parfois je me trouvais embêtée parce que j’aurais aimé m’éclipser pour vaquer à mes occupations, les discussions intéressantes me rattrapaient et j’oubliais assez vite mes envies de solitude. Nous jouions aussi à des jeux de société, aux dés, aux cartes. Ricco et moi avons passé pas mal de temps avec Lemo, le vieux chat blanc et roux d’Algis et Aldona. Il ronronnait dans mes bras et nous suivait partout. 

La vie était douce. 
Lemo
Cup and Saucer Trail
Michael's Bay
Michael's Bay

Bien-sûr, on se prenait du temps pour nous. Nous avons profité d’avoir la voiture de Ricco pour vagabonder ci et là sur l’île.

L'île

L’île de Manitoulin se trouve dans le lac Huron, un des cinq Grands Lacs du Canada. Chacun de ces lacs sont partagés entre les Etats-Unis et le Canada. L’île Manitoulin est la plus grande île d’eau douce au monde. Et on y était ! Eh ouais ! Plus impressionnant encore, le lac Manitou, qui a été un vrai coup de cœur, est le plus grand lac dans une île dans un lac. En effet, il fait plus de 100 kilomètres de longueur ! Cela donne une idée de la taille de notre île de résidence. Cette île est peu peuplée durant la majeure partie de l’année. Nous nous exclamions lorsque l’on croisait une voiture, c’est dire ! 

J’ai adoré croiser des lacs à tout bout de champ. J’ai adoré les lacs gelés. J’ai adoré marcher sur deux de ces lacs. J’ai adoré apercevoir des biches dans les jardins, le long des routes, dans les sous-bois. J’ai adoré entrer et sortir de villes des Premières Nations. L’île abrite d’ailleurs une grande réserve autochtone -le seul territoire incédé du Canada, je crois ! Cela signifie que le peuple de Wikwemikong n’a jamais signé de traité avec le gouvernement du Canada. Nous avons visité une partie de ce territoire, et Prairie Point au nord de Wikwemikong est clairement dans le top 3 de mes endroits préférés au Canada. Un grand lac d’un magnifique bleu, des montagnes enneigées au loin, de la neige à nos pieds, des sapins sur les côtés. Paysage digne d’une carte postale !

J’ai adoré rencontrer les amis d’Algis. J’ai adoré les bingo de Tehkummah et de M’Chigeeng. J’ai adoré voir les bisons, même s’ils n’étaient pas sauvages. 

Prairie's Point, Mikwemikong

Nous avons également eu l’immense chance de rencontrer une famille Première Nation puisque Algis connaissait bien le fils, celui-ci ayant été élève dans l’école dans laquelle Algis enseignait. On s’est vus offrir le thé par une mamie adorable qui m’a montré plusieurs photos de famille. Algis nous révèle, une fois partis, qu’elle est Madame Jeannette Corbière Lavell, la femme qui a permis l’abrogation de l’article qui disposait que les femmes indiennes* épousant un blanc perdaient leur statut d’indienne -et donc tous leurs droits subséquents. Je rappelle que les autochtones n’ont pas les mêmes droits que les citoyens canadiens lambdas. S’ils disposent de privilèges, comme le fait de ne pas payer d’impôts, ceux-ci s’accompagnent de non-droits, comme le fait qu’ils ne peuvent pas être propriétaires de biens immobiliers. On leur interdit la propriété ! Ils ont une maison mais elle appartient à l’Etat. Le guide à Wendake m’expliquait qu’ils n’ont eu l’autorisation de posséder une carte de crédit qu’en 2015… Enfin voilà, nous avons rencontré la grande et modeste Jeannette, qui est quand même allée jusque la Cour Suprême ! Elle a perdu son procès mais l’affaire a pris tellement d’ampleur dans l’opinion publique à travers le pays qu’elle a finalement eu gain de cause, suite à plusieurs autres assignations en justice. Elle a d’ailleurs obtenu le Prix du Gouverneur général en commémoration de l’affaire « personne », une distinction rendant hommage à celles et ceux qui ont combattu pour les droits des femmes au Canada. Je vous invite à lire cet article qui vous en apprendra plus sur cette merveilleuse activiste. 

*Je déteste cette appellation, que l’on s’entende bien. Malheureusement, c’est celle qui est employée dans la loi actuelle ! 

La météo

Je disais sur mon compte -privé- Instagram, le 12 mars, que j’étais nostalgique de l’hiver qui se terminait. La neige fondait, la glace fondait. Je suis tombée dans le panneau, mes amis ! Je le sais, pourtant ! que les hivers durent jusque mi-avril, voire fin avril. Mais que voulez-vous ? La glace fondait et je me suis emballée. La vérité, c’est que sur l’île de Manitoulin, nous avons essuyé plusieurs tempêtes de neige, dont une le 30 et 31 mars, ainsi qu’une tempête de pluie verglaçante le 5 avril. Des gouttes glacées qui tombent du ciel. Si nous avons mal dormi cette nuit-là, je peux vous dire que le résultat était féérique le lendemain. Chaque mini branche était entourée de glace. Si, sur l’île de Manitoulin, nous n’avons pas eu de coupure de courant et n’avons pas vu de paysage catastrophe, cela fut une autre affaire dans les grandes villes, telles que Québec et Montréal. Deux explications : peut-être que la tempête avait été moins importante sur notre île ; l’île abritant beaucoup de forêts, les arbres brisés étaient retenus par les arbres vaillants. Je ne sais pas si ça se tient mais c’est ma théorie. Des flocons sont également tombés dans la semaine du 17 avril… tenez-vous bien… après quelques jours où il avait fait 25 degrés et pendant lesquels j’avais sorti le short ! Tout va bien au pays des caribous !

Dire au revoir

Lorsque nous avons quitté la ferme d’Algis le 22 avril 2023, j’avais les larmes aux yeux pis j’ai carrément chialé pendant les premières quinze minutes de trajet. C’est difficile d’admettre que c’est sûrement la dernière fois que l’on se voit. Lorsque nous avons dit au revoir à Volydymyr à Toronto, celui-ci nous a dit qu’il ne nous oublierait jamais et qu’on serait toujours les bienvenus en Ukraine, quand la guerre sera finie. Ces paroles m’ont fait chaud au cœur. Lorsque j’ai dit au revoir à Ricco, le 1er mai, les larmes ont coulé aussi. Voyager comme on le fait occasionne des au revoir difficiles. 

Nous sommes tous les trois toujours en contact, et j’espère qu’il en sera ainsi longtemps. Volodymyr est parti s’installer dans les Prairies du Saskatchewan. Ricco est parti vers l’ouest pour un immense road trip à travers le Canada. Et moi, je suis partie vers l’est. J’aurais aimé qu’il en soit différemment mais des décisions avaient déjà été prises et l’on ne pouvait pas vraiment revenir dessus. Peut-être aurait-on dû ? 

Le mot de la fin

Je ne pourrai dire à quel point je suis reconnaissante de tout ce que je vis. Depuis que je suis partie au Canada, ma vie est un florilège de belles rencontres, de belles découvertes, d’expériences inédites et mémorables. 

Sur l’île de Manitoulin, nous avons appris à produire du sirop d’érable, mais nous avons aussi appris sur la Nature, nous avons appris sur nous-mêmes, nous avons rencontré des personnes qui nous ont rappelé que tout est possible. 

5/5 - (2 votes)
Cet article vous a plu ? Partagez-le !

4 commentaires

  • Sandrine Huart

    Super comme d’habitude.
    On vit ce que l’on lit et ce que tu vis 😁
    On pense à toi tous les jours ma chérie.
    Continue dans ta lancée.
    Très bonne continuation pour les semaines à venir 😉

    • Ban

      Encore merci de nous faire partager ces beaux moments et ces belles photos qui nous donnent envie d’y retourner. Continue à nous faire du bien avec tes jolis reportages ( photos et textes). Continue de profiter 👍😍

  • HOGREL Béatrice

    Coucou Maeva !! Encore une fois bravo 👍👍
    Je découvre plein de choses et j’en prends plein les yeux 😃. Tout ça est magnifique !! 😘😘

  • Laureen

    Paisible et douce Île Manitoulin, si belle et décrite avec beaucoup d’amour. ~ Heureuse de te savoir heureuse cousine. La Joie se ressent à travers tes mots et se lit sur ton visage. Le voyage réchauffe le coeur et assainit l’âme. Continues de vivre ton présent, de savourer ta liberté d’être dans l’instant et de t’envoler un peu plus chaque jours à la rencontre de l’inconnu, comme tu le fais déjà. C’est un beau chemin.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *