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Bilan 3 mois Erasmus en Angleterre

Mes trois mois en Angleterre s’achèvent. J’ai envie de dire c’est passé vite et en même temps assez lentement.

Des hauts et des bas

Pendant cet Erasmus, j’ai pas mal bougé. J’ai vu Liverpool, l’Ecosse plusieurs fois (dont Glasgow, Edimbourg, le Loch Ness…), Manchester, des petits villages anglais (Saltaire, Ilkley). Je suis déjà allée deux fois à Londres par le passé alors j’ai réservé cette ville pour mon nouvel an avec des amis de Toulouse. Honnêtement, je pensais faire plus mais la réalité est que le temps est tellement pourri en Angleterre à cette période de l’année que ça ne donne pas vraiment envie de bouger.

J’ai eu ma dose de pluie pour un an. J’ai d’ailleurs cassé deux parapluies et encore ! Je ne suis pas la pire !

La France m’a beaucoup manqué pendant ce trimestre. Souvent, j’ai eu envie de faire un câlin à mes proches, d’être avec eux. Quel soulagement d’être ici que pour 3 mois et savoir que je revenais pour les fêtes de Noël. Certaines personnes viennent de très loin, du Japon, de Jordanie, etc et restent l’année, donc ils ne reviennent pas chez eux pour les fêtes de fin d’année… La nourriture française m’a aussi énormément manqué ! Quel bonheur de manger du saucisson, du foie gras, du saumon, du fromage…

L'université anglaise - University of Bradford

Mon expérience dans une université anglaise… que dire ? Il y a certainement des points positifs comme les aménagements dans le campus (une bibliothèque ouverte 24h/24, des distributeurs, une supérette, un bar, …), les professeurs très proches des élèves (ici, on appelle son professeur par son prénom, voire même son surnom sans aucun problème ; l’absence de vouvoiement par l’indifférenciation du you facilite aussi les choses) et vraiment prêts à les aider (ils sont d’une disponibilité !). De plus, les élèves internationaux sont vraiment très bien accueillis à l’université de Bradford : il y avait souvent quelque chose d’organisé pour nous et l’équipe était toujours là pour nous aider. Jamais quiconque (à l’université en tout cas) ne m’a répondu avec une tronche fermée, toujours un grand sourire.

Ici, d’ailleurs, on dit « salut » à tout le monde, c’est assez étrange au début mais ensuite on s’y fait et on distribue des « hi ! » en veux-tu, en voilà !

Pour revenir à l’université, mon point négatif concerne clairement le niveau académique. Bradford y est pour beaucoup, l’université est très mal classée à l’échelle nationale et beaucoup atterrissent à Bradford par contrainte, par mauvaises notes à leur A-level (équivalent de notre baccalauréat, en France). Toutefois, je pense que c’est aussi une constante dans les universités anglaises vu le nombre d’associations en tout genre qui peuplent les universités : ça ne m’étonne plus étant donné leur emploi du temps incroyablement allégé. En France, en droit, j’ai entre 21h et 24h de cours (ce qui n’est pas le plus excessif quand on voit qu’en économie, les étudiants ont environ 30 heures et qu’en prépa c’est la même !). En France, une vingtaine d’heures de présentiel associées à du travail personnel conséquent : relecture de cours et modifications (forcément, il y a tellement un débit important d’informations à noter sur 1h30 que notre fichier est clairement dégueu, truffé de fautes etc) puis apprentissage de tout ça par cœur pendant et surtout à la fin du semestre (et Dieu sait qu’en France, on est les meilleurs pour bouffer du cours et recracher notre savoir ensuite hahaha). Je ne dis pas que c’est la meilleure méthode (le recrachage, et notre emploi du temps chargé), seulement c’est le modèle dont je suis habituée. Alors forcément quand j’arrive à Bradford et que je vois que j’ai seulement 8h de présentiel par semaine (en comptant les TD) et peu de travail personnel à fournir, « la fainéantise appelle la fainéantise » n’a jamais été aussi vraie… et démontrée. J’ai passé un nombre incroyable d’heures dans mon lit !

Point positif à souligner tout de même, les anglais mettent l’accent sur la réflexion et la pratique et moins sur l’apprentissage par cœur. C’est clair que pour se préparer à un métier, y a pas mieux. En attendant, je me suis sentie, pendant ce semestre, clairement inférieure à mes caramades français étant donné que je foutais rien. Concernant les examens, je dois dire que les modalités sont relativement plus faciles également : nous avons les sujets à l’avance (et pas une trentaine comme les profs peuvent donner en France, seulement 5/6 à Bradford !) donc ça s’annonce relativement facile pour préparer au mieux les partiels. De plus, un de mes trois finals était un devoir maison noté 100% (ce qui veut dire que je n’aurai pas de moyenne dans cette matière) avec un nombre de mots à respecter. C’est très destabilisant. A ma grande surprise, le professeur peut lire ton travail et te donner son avis dessus, c’est du délire ! Malheureusement, toutes ces bonnes conditions n’arrête pas l’éternelle stressée que je suis (la sélection en master 1 n’arrangeant rien). Donc, on verra bien ce qu’il en est en janvier à la suite de mes deux partiels et de la réception de ma note au projet 100%.

Nous avons tous constaté dans ma maison que les élèves anglais sont ou irrespectueux ou débiles. Sorry not sorry, mais on se demande ce qu’ils foutent là. Quand t’es en première année et que tu fous rien, que tu sèches les cours non obligatoires, que tu manques de respect (et encore ! jamais en France, on ne se permettrait !), on comprend parce qu’on se dit que tu t’es trompé de voie. Mais ici, on parle de gens en troisième année, voire en postgraduate (master). Je me demande si les modalités d’examen facilitées ne sont pas dûes au coût des études (entre 5000 et 10000 pounds l’année) et à leur taux d’immaturité… A méditer… Bien-sûr, je parle pour Bradford uniquement et je durcis le trait mais quand même, nous étions tous d’accord !

Concernant le contenu des cours à proprement parler. J’ai beaucoup aimé Protection de l’enfance. Ayant déjà fait un stage avec une juge pour enfants au Tribunal de Grande Instance de Toulouse et ayant étudié une introduction au droit de la famille en première année de droit, j’avais quelques éléments de comparaison entre le droit anglais et le droit français sur cette question : certaines régulations sont assez surprenantes ici (une autorité parentale plus large qu’en France, une protection jusque 21/25 ans en Angleterre…). Le cours est quand même assez léger (c’est une introduction destinée à de futurs travailleurs sociaux en réalité, ce n’était pas un cours dispensé à la faculté de droit) contrairement à un autre que j’ai pu avoir : droit foncier. Et là, ça rigole plus, je vous le dis ! Le droit anglo-saxon est assez compliqué puisqu’il existe deux systèmes de loi auxquels ils faut se référer parallèlement. Ce fut un grand what the fuck. L’examen de droit foncier me stresse beaucoup car le professeur est assez exigeant et que la matière est assez technique et compliquée. Mais, j’ai appris beaucoup de choses et maintenant, je suis opérationnelle pour acheter ou louer une maison ici… Enfin, presque. La troisième et dernière matière était Droits fondamentaux, à savoir les droits de l’homme. Basique. Le projet 100% portait précisément sur la liberté d’expression et la liberté d’association : ce fut très enrichissant.

Est-ce que je suis contente de rentrer en France et revenir au système du bourrage de crâne ? 1000 fois oui. Je m’y sens plus en sécurité (ça veut pas dire que je ne sais pas réfléchir, oh eh !) : les habitudes ont la vie dure. Et mine de rien, avec six matières (hors anglais), on se sent incroyablement cultivés et fiers de nous à la fin du semestre.

Je ne dis pas que je ne suis pas fière de moi à la fin de cet Erasmus : j’ai dû faire face à un système universitaire complètement différent, j’ai eu un 12.5 en droit foncier, j’ai rendu un projet, j’ai étudié du droit compliqué EN ANGLAIS… Ce n’est pas rien. Mais disons qu’entre moi et mes caramades français, je suis la glandeuse ahahha. Mais bon, pourquoi ne pas profiter d’Erasmus ? Je sais que quand je vais rentrer en janvier, ça va être la compétition, le rush, l’adrénaline, l’apprentissage par cœur, les préparations des TD avec soin car la sélection pour le master 1 nous attend tous à la fin de l’année. Ca me donne mal au ventre rien que d’y penser, alors cet Erasmus c’était un peu mes vacances pendant le cursus, m’voyez ?

L'anglais

Sinon, je pense que je me suis bien améliorée en anglais : j’ai gagné en fluidité, j’ai plus de vocabulaire, je n’hésite plus sur certaines formes verbales. Je parle désormais sans réfléchir à ma phrase à l’avance. Mais, clairement, je ne suis pas bilingue pour autant. Je bute toujours autant sur d’autres formes verbales, il me manque souvent encore du vocabulaire, et je ne peux pas participer à un débat avec trop de personnes car je n’ai pas le temps d’en placer une. Par contre, oui, je peux affirmer que j’ai maintenant un anglais courant.

Niveau rencontres et socialisation

En ayant lu ou vu des témoignages d’anciens Erasmus, je savais pertinemment en partant en Angleterre que je ne me ferais pas de potes locaux anglais. Les locaux ne veulent pas vraiment tisser d’amitiés éphémères, les Erasmus restant 3 mois voire 8 mois maximum, et ils ont déjà leur bande de copains en troisième année. Il est connu que les internationaux restent entre eux. Nous sommes sur le même bateau, séparés de nos familles, ici pour se faire une expérience de l’étranger, etc. Je suis restée tout le semestre avec mes super colocs : en vrac, merci pour ces soirées filles avec Sveta, Momo, Clara et Sidney ; merci pour ces moments confidences et conseils, ces moments rigolade et anecdotes ; vive la bonne humeur de Hendrik, toujours prêt pour faire soirée ; l’humour décalé de Lukas. J’ai aussi passé du temps avec des amis voisins et des frenchy en soirées, et bien-sûr Alan toujours là ! Ainsi, par rapport  à la dernière fois (bilan des 1 mois), je ferai donc des mentions spéciales à Quentin l’américain traditionnel de la maison 4, Yannick le super gentil allemand de la maison 4, Beenish la diva américaine de la maison 4, Léopold et Adil les deux français avec qui je me suis bien entendue, l’indétronâble perché Joël, Angélique et Susanna pour ce karaoké mémorable à Edimbourg. J’espère que je n’oublie personne !

Conclusion

Je ressors de cet Erasmus plus grandie, plus patiente je pense, plus à l’écoute de moi-même. Dorénavant, je sais que je veux continuer mes études en France et en français (même si cette expérience universitaire était très intéressante) mais mon envie de voyager encore et encore est intacte. J’ai soif de découvertes du monde mais aussi de la France, que j’aimerais visiter en long en large et en travers.

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