Terre-Neuve : de Port-aux-Basques à St. John’s en auto-stop
Presque 8 mois après la fin de cette aventure, je reviens enfin par écrit sur notre périple de dix jours sur l’île de Terre-Neuve (Terre-Neuve-et-Labrador). J’ai visité un bout de cette province avec mon amie Nina qui a accepté de me suivre dans cette folle aventure en auto-stop. Je me souviendrai toujours de notre discussion dans ce bar à Montréal fin mai 2023 : celle pendant laquelle je lui ai proposé de faire ce bout de chemin avec moi, « oui oui, en stop », lui montrant pour la convaincre un article Top 10 des choses à voir et à faire sur Terre-Neuve. Ses yeux brillaient à la perspective de voir des icebergs, elle qui n’avait jamais imaginé partir à la conquête de ces géants de glace pendant ce PVT Canada. Je crois que c’est ce qui l’a persuadé de finalement me dire oui. Et je la remercierai jamais assez de m’avoir fait confiance car je ne sais pas si je serai allée jusqu’au bout du projet sans elle.
Merci encore, ma douce Nina
9 juin 2023, Halifax - première étape : atteindre Port-aux-Basques en auto-stop
Ouais ouais, quand le projet repose sur la traversée d’une demi province en auto-stop, pourquoi ne pas atteindre ledit territoire en auto-stop directement ? Vous auriez pris le bus, vous ?
Après avoir déposé la voiture de location dans un quartier résidentiel d’Halifax, Nina et moi avons choisi un spot pour débuter l’auto-stop. Allez hop, c’était parti pour 15 minutes à pieds jusque ce point stratégique, juste avant l’entrée de l’autoroute. Ce trajet nous a mis en jambes, on réalisait le poids du sac et ce qui nous attendait dans quelques minutes. On riait mais on savait qu’on ferait bientôt moins les malignes. Il était environ 11h et nous devions être à North Sydney pour embarquer sur le ferry de 23h. C’est à 395 kilomètres de là, soit 4h quand on a une voiture. On était plutôt large. Le plus dur en auto-stop est souvent de quitter la grande ville. Les gens sont pressés, ont leur soucis somme toute assez individualistes et ont clairement autre chose à faire que prendre des auto-stoppeuses avant le périph. On n’y a pas coupé. Près de deux heures se sont écoulées avant que quelqu’un se décide à s’arrêter et nous sorte d’Halifax. Ce bout de voie rapide juste avant l’autoroute a été le théâtre de nombre d’interrogations et de changements de stratégies : où est-ce qu’on se place ? Peut-être qu’on devrait se mettre juste avant l’entrée de la rue pour qu’ils puissent s’arrêter en toute confiance ? Ou juste après ? Au feu rouge ? On appuie sur le bouton du passage piétons pour forcer les automobilistes à s’arrêter ? On reste groupées ou on se place avant et après la rue perpendiculaire ? Ils sont cons ou quoi ? Tu crois qu’ils ne voient pas écrit notre destination ? J’avoue que j’ai été la première découragée de nous deux et j’étais franchement soulagée que ma petite Nina ne baisse pas les bras et ne me déteste pas déjà. Quelqu’un s’est enfin arrêté et nous a proposé de nous emmener à l’aéroport d’Halifax. Soit à 35 kilomètres. Mais clairement… au point où on était ? Ne valait-il pas mieux bouger ? C’est donc un gentil italien nommé Adriano qui a donné le coup d’envoi de ce marathon. Ciao Halifax !
Il nous a déposé non loin de l’aéroport. Un petit Tim Hortons vers 14h et ça repart : on s’est placées sur le bas-côté d’une voie rapide qui s’élance sur l’autoroute en direction de Truro. Il y a deux voies possibles pour les automobilistes : Truro ou Halifax. Eh bien, les gens allaient majoritairement à Halifax, ma foi ! Nina avait déjà un plan de secours au cas où : un bus peut nous emmener de l’aéroport à North Sydney.
Mais en moins d’une heure, nous voilà embarquées jusque Port Hawkesbury. On découvre avec effroi dans le van du gentil monsieur québécois nommé Jean qu’on a choppé des tiques. Dans le plus grand des calmes, en marchant dans les herbes hautes sur le bas côté de la route. Laissez-moi vous dire que ça a été l’horreur pendant tout le trajet. Un peu égoïstement, nous avons choisi de ne rien dire au chauffeur pour ne pas être déposées au milieu de nul part. Il a donc fallu surveiller la présence de ces affreuses petites bêtes tenaces, essayer de les tuer (mais comme je viens de l’écrire, elles sont tenaces et pas faciles à tuer), ne pas se gratter pour ne pas attirer l’attention sur nous. J’ai littéralement tenu pendant une heure entre mes doigts, dans un mouchoir, une tique vivante car je n’arrivais pas à la tuer. Je me gratte rien qu’en pensant à cet épisode, qui nous préoccupera encore pendant deux jours avant qu’on vienne à bout de ces horribles petites bêtes.
Le troisième trajet fut le dernier jusque notre destination du jour : Port Hawkesbury – North Sydney. C’est Leslie qui nous emmena. Nous avons mis 6h25 jusqu’au ferry. Il est l’heure de dîner, 19h ou 20h je ne sais plus.
A peine déposées, un mec en moto nous a apostrophé. Sans doute qu’il nous avait entendu parler français. Olivier est québécois et souhaitait se rendre au Labrador. A cause des feux de forêt touchant le nord du Québec et bloquant les routes, il devait passer par Terre-Neuve. Nous avons fait connaissance en dînant tous les trois dans une pizzeria. Ayant réservé sans réaliser une chambre avec quatre lits superposés alors qu’il est seul, il nous a proposé d’en profiter. De notre côté, dans l’optique de voyager avec un petit budget, nous n’avions pas réservé de cabine et devions dormir sur les fauteuils du lounge. Ce changement de plan était une belle aubaine ! Nina et moi étions ravies ! Bien-sûr, il est toujours important de rester sur ses gardes avec des gens qu’on connaît à peine, mais nous avions eu une bonne impression d’Olivier pendant le repas.
Le lendemain matin, n’ayant pas parlé avec les passagers sans cabine comme nous avions prévu de le faire, nous nous sommes retrouvées démunies à Port-aux-Basques. Il pleuviotait et tout le monde était parti. Il semblait que nous étions plutôt loin d’un quelconque point stratégique. Nous avons donc commencé par prendre un bus jusque Doyles. Il faut savoir qu’il y a qu’une seule compagnie de bus sur toute l’île, elle a le monopole. Il faut compter 171 CAD, en cash, de Port-aux-Basques à St John’s. A Doyles, Olivier nous a rejoint pour nous dire au revoir puis nous avons entamé l’auto-stop jusque St Andrew’s.
C’est dans cet hameau que nous avons posé nos sacs pour les deux premières nuits sur Terre-Neuve, chez les deux Newfoundlanders les plus adorables qui soient.
Ma première expérience Couchsurfing. Couchsurfing est un site fabuleux qui permet d’héberger et d’être hébergé gratuitement. En fonction de la disponibilité et des envies de l’hôte, tu peux être hébergé, te voir proposer le dîner et le petit-déjeuner, des sorties, etc. Tu es hébergé sur le canapé du salon (couch en anglais, d’où le nom du site… surfer de canapés en canapés) ou dans la chambre d’amis par exemple. Le principe est de ne rien attendre précisément de la part de l’hôte (excepté ce qu’il proposait dans l’annonce) et d’accepter tout ce qu’il voudra t’offrir. On prend et on dit merci mille fois. C’est un véritable échange culturel et une expérience humaine fascinante. C’est vrai quoi, c’est si généreux d’héberger quelqu’un sans rien attendre en retour de sa part ! Le principe veut qu’un jour l’hébergé devienne hôte à son tour. Pas forcément de celui qui l’a hébergé jadis mais d’un autre voyageur. Rendre à une autre âme ce qu’on t’a donné. Un jour, ce sera mon tour !
Roshni et Lana nous ont offerts le couvert et le gîte pendant deux jours. Comme je le disais, en Couchsurfing, il faut être plutôt souple et savoir s’adapter à celui qui a offert de t’accueillir chez lui (dans la mesure du possible bien-sûr, hors de question de rester quelque part si l’on s’y sent mal) : à son mode de vie, au confort de son logement, à ses habitudes et son régime alimentaires. C’est ce dernier point qui a été surprenant chez Roshni et Lana. Elles ont un appétit de moineaux et sont végan. Nous avons eu un peu faim lors de notre séjour chez elles. Nous en riions avec Nina. Le fait est que ce n’était rien, je pense, comparé à tout le bonheur qu’on ressentait d’être chez elles. Elles nous ont accueilli comme si l’on était de la famille. On a dormi dans leur chambre d’amis, mangé à leur table, emprunté leur kayak bi-place, regardé un film ensemble dans leur salle ciné dans le grenier au-dessus du garage. Je me suis confiée sur les raisons intimes de mon départ au Canada. On a même été à la journée anniversaire d’un gamin de 8 ans. C’était complètement fou de se retrouver dans cette maison, entourées d’une trentaine d’enfants de moins de 10 ans, d’une quinzaine d’adultes dont les grands-mères et tantes desdits enfants. Ca courait dans tous les sens, ça manquait de marcher sur un petit jouet en plastique à chaque déplacement. C’était vivant. Quelques invités nous ont demandé ce qu’on faisait là. Nous avons écouté les anecdotes et les parents parler à leur progéniture. Nous regardions autour de nous, ahuries de ce tourbillon de vie en pleine pampa sur Terre-Neuve. On a échangé plus d’un regard amusé avec Nina. Il voulait dire « qu’est-ce qu’on est en train de vivre ? ». C’était loufoque, et beau, et vrai. On a partagé un moment avec des locaux et jamais cela n’aurait été possible sans Couchsurfing.
Des amis leur ont également rendu visite. Il y a notamment eu Chris et Mélissa. Nina et moi avons appris au détour d’une conversation qu’ils vivent dans une yourte. Chris nous a montré une vidéo filmée au drône. Notre curiosité a été piquée au vif. Comment ça vous vivez à l’année dans une yourte au milieu de nul part ? Ils nous ont proposé de venir voir leur maison. Nous les avons suivis avec plaisir, à pieds, jusque chez eux. Plus de 30 minutes plus tard, nous voilà à leur voiture. On nous fait chausser des hautes bottes en caoutchouc et c’est parti. On prend le petit chemin, on laisse la voiture derrière nous et on s’enfonce un peu dans le sous-bois. Et puis, on entend le son rugissant de la rivière, la fameuse, celle qu’on allait devoir traverser et qui rend plus qu’utiles nos bottes. Traverser cette rivière dont le débit était plutôt rapide, en marchant de rocher en rocher dépassant plus ou moins de la surface, c’était fou. Ca paraît peu mais c’est beaucoup quand on le vit. Ca l’est encore plus lorsque l’on se fait la réflexion que traverser cette rivière est leur quotidien toute l’année. Ils avaient bien un pont qui l’enjambait mais il a été arraché plus d’une fois lorsque l’eau a monté. Alors ils ont abandonné et maintenant, ils se débrouillent avec leurs bottes et la corde rouge pour tenir l’équilibre. Bref, nous sommes arrivés devant la yourte. Elle est magnifique. Toute colorée. On commence par visiter l’intérieur : une unique pièce avec un coin cuisine et un ou deux meubles.
« Vous dormez où ?
– Sur des hamaks »
Et les voilà qui déplient les hamaks pour nous montrer. Toute l’année, Chris et Mélissa dorment sur des hamaks et passent leur temps de loisirs – pour lire par exemple – dans ceux-ci. Toute l’année, ils se douchent à l’extérieur, qu’importe le vent, les températures glaciales de l’hiver, la présence des ours aux alentours. On a ensuite visité leur bout de forêt derrière la yourte. On croisait ci et là les créations absolument adorables de Chris. Comme dit Nina, ils nous ont montré leurs trésors.
12 juin 2023, Corner Brook ou le début des imprévus
Après deux heures de route à l’arrière du van aménagé de Chris et Mélissa, nous avons été déposées à Corner Brook. C’est donc d’ici que nous avons commencé l’auto-stop. L’objectif du jour et notre 2nde grande destination de ce trip était le Parc national du Gros Morne. Il faut savoir que chacun des endroits que l’on souhaitait visiter se situe bien en retrait de l’unique route principale, à savoir la transcanadienne. Notre stratégie a été chaque fois de couper le trajet en deux : la première partie jusqu’au croisement avec la route secondaire et la seconde partie jusque notre destination finale. Ce jour, à Corner Brook, nous avions donc inscrit Deer Lake à l’intention des automobilistes. Peut-être un peu mal placées pour débuter cet auto-stop, les gens n’allaient pas du tout dans cette direction. Certains partaient effectivement sur la transcanadienne mais pas du côté Est. Une femme d’une cinquantaine d’années a eu pitié de nous et nous a finalement pris avec elle, après avoir promis que si on était toujours là une demi-heure après, elle nous emmènerait où on voudrait. Cette dame, c’est Maxine. Et elle voulait nous montrer du pays.
Elle nous a répété qu’elle trouvait dommage qu’on aille jusque Deer Lake sans que l’on voit la baie des îles et son endroit préféré du côté de Lark Harbour. Elle nous a demandé si on pouvait faire un détour et qu’ensuite, « promis », elle nous emmènerait à Deer Lake. C’était sans compter sur le fait qu’il y a eu un malentendu énorme une fois rendues à Lark Harbour. Elle nous a conseillé une randonnée incroyable (Cedar Cove ? Bottle Cove ? je ne sais plus…) et ayant mal je-ne-sais-plus-où, elle a préféré rester à la voiture. La randonnée était assez courte alors on s’est arrangées comme ça. Sauf que finalement, on n’a pas pris la bonne direction pour la randonnée et on s’est retrouvées sur un autre sentier (Southhead Lighthouse Trail). Nina ne le sentait pas, elle a fait demi-tour et j’ai continué seule. Faut dire que le chemin était bien souvent escarpé, avec des cordes et tutti quanti. Je l’ai fait au pas de course car, sans réseau, je n’avais aucun moyen d’avertir Nina d’un quelconque retard sur l’heure de retour max que je lui avais indiqué. Le paysage était magnifique. Ca m’a fait beaucoup de bien de marcher après tout ce temps passé en voiture avec Maxine-la-pipelette-légèrement-égocentrique-et-hyperactive. Je suis arrivée à une falaise et le soi-disant phare était… pas vraiment un phare mais plutôt une espèce d’antenne.
Quand je suis revenue sur le parking, je découvre Nina… seule. La Maxine avait disparu. La voiture était fermée à clé, avec toutes nos affaires à l’intérieur. On a attendu un peu puis on s’est dit qu’elle avait dû partir et tomber quelque part. On a essayé de remonter le chemin de gauche mais on avait peur d’aller trop loin et de la manquer si elle revenait sur le parking. On a demandé aux marins et aux passants s’ils ne l’avaient pas vue. On a attendu et on s’est inquiétées longtemps. On s’est dit qu’elle aurait pu laisser un mot et qu’elle était sacrément dérangée de nous avoir planté là alors qu’elle savait que la randonnée n’était pas longue. Elle a fini par revenir et nous a presque engueulées parce qu’elle était venue nous rejoindre sur la randonnée mais arrivée au bout, elle avait constaté qu’on n’était pas là. Nous, on était assez choquées de ce retournement de situation. On a fini par partir et changer d’endroit et laissez-moi vous dire que je me sentais un peu prisonnière avec elle. Elle nous a déposé plus loin, pour une autre petite balade. Elle décide de rester dans la voiture pour faire une sieste – forcément la randonnée l’avait fatiguée. Cette fois-ci, il me semble que j’avais pris mon sac à dos avec moi, avec mes papiers, au cas où il arrive une autre entourloupe vous voyez. Je peux dire que je n’étais pas sereine du tout. Elle proposait de nous héberger pour la nuit mais ça ne me disait rien qui vaille. J’ai dit à Nina que je ne voulais pas, que je préférais qu’on trace à Gros Morne. C’est vrai que ces rencontres impromptues qui vous amènent à dormir chez l’habitant sont incroyables mais Maxine je la trouvais trop intense. Je me demandais même si elle n’était pas lunatique, bipolaire ou je ne sais quoi. Je ne la sentais pas, voilà.
Ca n’a pas loupé car en revenant de notre balade qu’elle nous avait incité à faire, elle dormait. On était quand même supposées se rendre à Gros Morne dans la journée… Maxine a fini par se réveiller et nous a dit qu’elle devait absolument manger. C’est vrai que l’après-midi était bien entamé. On a fini par lui cracher le morceau sur la route : on a décliné son invitation à dormir chez elle. Elle était très déçue. Elle nous a dit qu’elle ne pouvait pas nous emmener à Deer Lake car elle était attendue à 17 ou 19h je-ne-sais-plus-où. Elle a répété 100 fois que c’était bien dommage qu’on ne reste pas avec elle. Moi, j’étais juste soulagée.
Maxine nous a donc déposé à une station service sur la transcanadienne, juste après Corner Brook. On a donc pas du tout avancé mais on a vu de beaux paysages imprévus.
Avec le recul, bien-sûr qu’on se dit qu’on a eu de la chance de visiter cette petite partie de Terre-Neuve alors qu’elle n’était pas prévue au programme. Je suis quand même ravie que Nina se soit rangée à mon avis et qu’on ait continué notre route jusque Gros Morne. De merveilleuses choses nous attendaient, mais on ne le savait pas encore. Avec le recul encore, je peux conclure que c’est quand même grâce à ces péripéties, je pense, que l’on a pris la décision de prolonger notre séjour à Terre-Neuve. Il faut bien se rendre compte que les trajets en auto-stop prennent tellement plus de temps que si on avait notre voiture personnelle : si l’on voulait être sûres de voir les lieux placés en top priority, on devait prolonger.
Après avoir fait de l’auto-stop de forceuses, à savoir demander directement aux gens lorsqu’il sortait des magasins ou aux fenêtres des voitures (oui parce qu’à un moment, on était mal barrées à cette heure-ci, sans beaucoup de circulation), c’est Spence qui nous a embarqué avec lui, à bord de son pick-up sur lequel était attaché une cabine fait maison. Spence était un gentil papy qui a beaucoup hésité avant de nous prendre. Il n’avait jamais fait ça, prendre des jeunes en auto-stop. Pis, sa voiture était en foutoir, qu’il disait. Il a quand même accepté et on était si heureuses. Il était mignon à essayer de ranger tous ses papiers. Il avait tellement de cartes routières ouvertes sur le siège passager. Il se dirigeait littéralement avec celles-ci, quitte à se garer sur le bas-côté pour les étudier. Je ne sais pas quel âge il avait, sans doute avions-nous été trop timides pour lui demander, mais il était impressionnant. Ce papy américain tout droit venu du Maine, anciennement pêcheur de homards, voyageait sur Terre-Neuve en solo et dormait dans sa cabine dans des campings provinciaux. Il allait justement au Parc National et dormait ce soir-là à Rocky Harbour. Nous avons donc changé nos plans (mais impossible de me souvenir où nous voulions dormir, à la base) et avons croisé les doigts pour que l’auberge de jeunesse de Rocky Harbour ait encore des lits disponibles.
La route dans le Parc National était magnifique.
Nous longions les lacs miroirs et les sapins nous enveloppaient de toute part. Mon téléphone ayant rendu l’âme fin juillet, j’ai perdu beaucoup de mes photos de Terre-Neuve et n’ai donc pas de quoi illustrer mes propos. Il va donc falloir imaginer ces paysages de dingue et me croire… ou y aller pour voir de vos propres yeux !
A Rocky Harbour, on s’est pointées comme des fleurs à la réception de l’auberge et on a demandé deux lits en dortoir pour une nuit. Bingo !
Après avoir posé nos affaires, nous être reposées un petit peu et avoir admiré le coucher de soleil depuis la terrasse, nous sommes parties pour une petite balade nocturne. C’était agréable ! Nous étions contentes d’être là ! On aurait aimé trinquer à cette journée d’imprévus qui se finissait bien mais tout était fermé. Il faut dire que, quand tu n’es pas dans une ville sur Terre-Neuve (et avec le recul, plus généralement au Canada, toute province confondue), il n’y a quasiment rien d’ouvert passé 19h. Ici, c’est pas le Royaume-Uni, vous ne croiserez pas de pub au coin de la rue ! Au Canada, on y vient pour les paysages incroyables et quand le soleil se couche… au lit on dort ! Hahaha ! Même l’été, il ne faut pas s’attendre à de grandes prolongations. Je vais vous dire… ici, aux abords des plages (c’est du vécu en Gaspésie, QC, et sur l’île de Vancouver, BC), vous ne trouverez pas multiples vendeurs de chichis beignets glaces. Ce n’est pas dans la culture. Les lieux, bien que touristiques, sont préservés et les commerces et restaurants n’ont pas fleuri à tout bout de champs. C’est frustrant parfois, apaisant surtout.
Mais revenons sur Terre-Neuve.
13 juin 2023, découverte express du Parc National du Gros Morne
Nous voilà de retour à l’auto-stop. On devient des habituées ! Ce jour-là, notre objectif était de nous rendre à Woody Point où nous pourrions faire une voire deux randonnées en fonction de l’auto-stop et de comment se sentait Nina : la Lookout Trail et la Tablelands Trail. On a malheureusement dû faire une croix sur la randonnée mythique du Parc, à mon grand désespoir (et, je pense, au grand soulagement de Nina qui ne se voyait pas du tout faire une randonnée de près de 17 kilomètres !). Le sentier du parc national du Gros-Morne mène au deuxième plus haut sommet de Terre-Neuve-et-Labrador, ce qui fait de cette région l’une des régions de randonnée les plus populaires du Canada. Cette destination abrite certains des plus grands fjords d’Amérique du Nord et présente un environnement sculpté par les glaciers. C’est tout bonnement magnifique et la vue promise me faisait rêver. A vrai dire, je voulais venir dans le Parc pour cette randonnée et la vue sur le fjord ! Nous n’avons pas pu la faire car en juin, le sentier est fermé et la randonnée interdite à cause de la nidification. Si je savais que je voulais faire ça, je dois admettre que je ne m’étais pas renseignée plus que ça. Nous nous sommes donc rabattues sur les deux randonnées énoncées plus haut, tout aussi incontournables mais pas aussi époustouflantes. Nous aurions pu aussi faire une petite balade en bateau pour admirer le fjord d’en bas mais sans voiture, c’était un peu compliqué en termes de timing. Je me suis promis ce jour que je reviendrai sur Terre-Neuve pour tous les manqués (voir ma conclusion en fin d’article).
Aucune idée du nom du premier conducteur mais c’était un newfoundlander plutôt sympa. C’est à bord de ce premier trajet que nous avons vu pour la première fois des orignaux sauvages avec Nina. C’était deux jeunes bêtes, assez maigres, sur le bas-côté. C’était la première fois depuis mon arrivée au Canada. Bien-sûr, j’en avais déjà vu au parc Omega (voir le vlog ici) mais ceux-ci étaient franchement pas sauvages.
Petite info faune en passant: 4 orignaux auraient été introduits sur Terre-Neuve au tout début des années 1900. Ils sont aujourd’hui estimés à 150 000, soit la plus grande densité au Canada.
Le conducteur devait nous emmener jusque Woody Point mais, pour une raison inconnue, a changé d’avis et nous a déposé à l’intersection avec la route 431, que l’on peut aisément appeler une route tertiaire, c’est-à-dire franchement peu empruntée. La route était déserte. Nous avons décidé de faire l’auto-stop en marchant. Nous avons croisé beaucoup de camions, quelques voitures, mais personne ne s’arrêtait. On a marché environ 1,5 kilomètre avant que quelqu’un ne nous prenne. Je vais pour prendre la plaque d’immatriculation en photo, petite mesure de précaution quand j’y pense, quand je m’aperçois que le monsieur est californien. « Qu’est-ce qu’un californien fait ici sur Terre-Neuve ? » je me demandais alors. On parle quand même d’un Etat américain à l’autre bout du continent. Lev, la cinquantaine, nous apprenait pendant le trajet qu’il habite à Los Angeles avec sa partenaire et qu’il a décidé de voyager à travers le Canada avec son 4×4 et sa tente de toit. Monsieur est un photographe inspiré qui semble prendre le temps d’apprécier la vie. Il rejoignait sa copine à Vancouver où elle était en tournage. Madame est une actrice canadienne. Il nous montrait sur la route une photo d’eux d’eux et je me disais qu’elle me faisait penser à quelqu’un de sacrément connu, « mais bon… ce serait vraiment trop gros hein! ».
On lui a proposé de se joindre à nous pour la Lookout Trail et il a accepté. C’est donc tous les trois que l’on a découvert les magnifiques paysages du Parc National. Le panorama au bout de la randonnée était impressionnant. Lev a pris quelques clichés de Nina et moi. Sur le retour, Lev nous a dit que sa copine jouait le personnage de Christina Yang dans Grey’s Anatomy. Là, on s’est arrêtées net. Surpris, il nous a demandé si l’on connaissait la série. Je veux dire, c’est vrai quoi, Grey’s Anatomy n’est pas du tout une série grand public avec 14 000 saisons, diffusé depuis 15 ans sur la plus grande chaîne française. Le mec est clairement loufoque et dans son monde d’artistes. Bref, il est le compagnon officiel de Sandra Oh et apparaît régulièrement dans la presse people. Et on a passé la journée avec lui : tout va bien.
A part ça, les sommets étaient enneigés et, pour mon plus grand bonheur, j’ai touché la neige un 13 juin.
Sur le parking à la fin de la randonnée, nos chemins se sont séparés. On s’est échangé nos Insta dans le plus grand des calmes et nous avons dit au revoir à Lev. Nous avons mangé dans un petit restaurant un burger de poisson et avons ensuite attendu la shuttle qui reliait Woody Point à Norris Point. Temps du trajet: 15 minutes.
On aurait pu prendre cette navette à l’aller mais on n’était pas du tout dans la bonne tranche horaire : on n’a pas eu le choix que de faire tout le tour du monde !
14 juin 2023, la rencontre incroyable avec les icebergs
Le lendemain, il fallait déjà repartir pour notre prochaine destination !
Normalement, on devait aller à Twilingate, LE spot pour voir des icebergs, beaucoup d’icebergs. Mais bon, comme l’on faisait tout au dernier moment, il n’y avait plus de logement disponible ! On s’est donc rabattues sur le petit village de Triton.
Le Airbnb nous a coûté très cher mais je peux dire qu’on s’est senties comme des princesses dans cette grande maison et ce lit king size ! Et puis, bon… On voyait littéralement un iceberg depuis la terrasse de notre airbnb.
Triton n’est pas vraiment touristique : c’est un village assez mignon dans lequel tout le monde se connaît, littéralement. On s’est retrouvées en voiture avec des habitants de Triton qui téléphonaient à tout le monde pour nous venir en aide dans notre lutte désespérée pour faire un tour de bateau. On s’est retrouvées à faire un petit tour des environs avec le riche maire du village et sa femme, qui étaient les propriétaires du airbnb. A boire un thé et faire areu-areu avec un bébé chez la compagne du skipper avec qui on avait réservé le tour en bateau. Après beaucoup d’attente, on a réussi à faire cette fameuse excursion ! C’était un tour très très privé puisque ce jour-ci, on a eu la chance d’être seulement trois : Nina, moi et le skipper ! C’était royal ! On a vu, de près (m’enfin tout est relatif, on fait attention avec ces bêtes-là !) et de loin pas mal d’icebergs, des immenses et des plus petits. C’était surréaliste.
Ces géants de glace sont magnifiques et par eux seuls, notre venue à Terre-Neuve valait le coup.
Attention, la période pour apercevoir les icebergs sur la côte nord de Terre-Neuve s’étend de mai à juillet seulement. Chaque année, entre avril et juin, les icebergs, ces géants de glace de 10 000 ans et plus, descendent depuis l’ouest du Groenland et longent les côtes du Labrador, avant de passer près des côtes de Terre-Neuve, sur ce que l’on appelle communément la « Iceberg Alley ».
------------- 15 et 16 juin 2023, épopée jusque Bonavista -----------
Que de péripéties, de désespoir et de désillusions pour arriver à Bonavista en auto-stop ! Je ne l’ai pas encore mentionné dans cet article mais, mis à part notre journée à Gros Morne, le temps était froid et pluvieux. Une espèce de bruine déprimante couplée à une température moyenne avoisinant les 10 degrés. A St Andrew’s mais aussi à Bonavista, nous étions chaudement habillées (autant que je le pouvais du moins, vu que je n’avais globalement que des affaires d’été toulousain – merci aux locaux qui m’ont prêté gants/écharpe/bonnet/grosses vestes) et dans cette dernière ville, de la vapeur s’échappait de ma bouche quand je soufflais ! Bref, on a eu très froid pour un mois de juin ! Encore plus quand l’auto-stop est interminable…
Je dois avouer que l’on a commencé l’auto-stop assez tard le 15 juin puisque l’on voulait profiter à fond de la maison qu’on avait louée. Une personne nous a emmené assez rapidement de Triton à South Brook. Puis, nous n’avons pas eu de chance sur la transcanadienne, sur une espèce de grand parking, et sommes tombées sur deux types louches. Je ne vais pas aller dans le détail mais toujours est-il qu’il est bien heureux que nous ayons changé d’avis et que nous ne soyons pas montées dans leur voiture. Qui sait ce qu’il aurait pu arriver… Toujours écouter son instinct et voir les signes. Avec Nina, nous étions des camarades de confiance et quand l’une ne le sentait pas, on se le communiquait discrètement et on arrêtait là la négociation avec le conducteur. A partir de là, notre bonne humeur s’est envolée. Nina a très mal vécu cette rencontre et a beaucoup verbalisé son mal-être, ce qui, moi, m’a poussé à prendre conscience. Je pense que si Nina n’en avait pas autant parlé -et je ne la blâme pas, on a tous nos façons de vivre et affronter un événement stressant, j’aurais fait l’autruche pour oublier.
Bref. Après quelques autres vaines tentatives de faire de l’auto-stop, nous avons opté pour prendre le bus. Nous nous sommes arrêtées à Clarenville et avons décidé de ne pas continuer jusque Bonavista puisqu’il était déjà 20h. Après avoir appelé tous les hôtels du coin, on a finalement trouvé un hébergement de justesse, dans une sorte de airbnb. Manquait plus qu’on passe la nuit dehors !
Le lendemain, les galères ont continué. « Va-t-on réussir à atteindre Bonavista et voir des little puffins ? », j’écrivais alors dans mon carnet de voyages. Il nous aura fallu 5 heures pour relier Clarenville à Bonavista (pour un trajet de normalement 1h30). Nous avons mis 100 ans, entre autres, parce qu’on se faisait déposer tous les 20-30 kilomètres, c’est-à-dire chaque fois à la station essence suivante.
Il a tellement plu cette journée-là, en plus !
Petite anecdote cool : la femme de notre dernier conducteur était ingénieure à la NASA.
Quand nous sommes enfin arrivées à Bonavista, nous avons rencontré Johanna, la propriétaire du airbnb qu’on avait loué. Elle était assez sympathique, quoiqu’un peu spéciale à sa façon de vouloir prendre le contrôle sur notre séjour haha ! Avec Nina, nous sommes parties nous balader dans Bonavista. Il faisait un temps apocalyptique. On a vraiment expérimenté le RDF, comme les locaux appellent ce phénomène météorologique. RDF, cela veut dire « Rain Drizzle Fog« , c’est-à-dire « pluie bruine brouillard ». Je pense que la mention du vent est manquante. Le ciel était bas, il y avait des rafales de vent, les nuages ont fini par être très menaçants, noirs comme le jais. Les mouettes volaient par dizaines au-dessus du port. On se serait crues dans Les oiseaux d’Hitchcock. Les maisons en bois décolorées et décrépies et les rues vides finissaient de donner une ambiance de film d’horreur. Nina me racontait d’ailleurs ce jour-là, en passant devant une maison qui, elle, était très bien entretenue, voire trop bien entretenue à côté de ses voisines, qu’il y avait des histoires de fantômes et d’âmes errantes à Bonavista. Ah mais vraiment, je me suis sentie comme dans un film là-bas ! Je suis certaine que si je retournais à Bonavista sous un ciel bleu, je pourrais jurer n’être jamais venue.
Après avoir mangé dans un petit restaurant très sympathique, nous sommes revenues chez Johanna, dans la gigantesque maison rose orangée qui se voyait de très loin. Nous avons joué au billard et Nina a décidé d’annuler son ferry et de repartir en avion à Montréal, après notre visite de St John’s.
Encore une fois, mon téléphone ayant rendu l’âme fin juillet, j’ai perdu beaucoup de mes photos de Terre-Neuve et n’ai donc pas de quoi illustrer tous mes propos…
17 juin 2023, rencontre avec les little puffins, entre autres superbes visites
Le 17 juin, Johanna a eu la gentillesse de nous emmener faire un tour des choses à voir dans les environs.
Pour notre premier arrêt, nous nous sommes rendues au phare de Cape Bonavista. Comme d’habitude, on était dans le brouillard et nous n’avons pas pu voir le paysage derrière le phare. L’ambiance était encore une fois très mystique. Toutefois, cette météo nous a permis d’entendre l’impressionnant fog horn : le son tonitruant, se déclenchant toutes les minutes ou presque, annonçant aux marins rendus aveugles par le brouillard la présence des côtes à une distance proche.
Nous avons visité ledit phare où avait été reconstitué la maison du gardien du phare. En effet, du temps où il y avait un gardien, celui-ci vivait dedans avec sa famille ! Eh bien, c’était plus spacieux que ce que l’on aurait pu penser !
Ensuite, nous sommes parties en direction de Dungeon Provincial Park. On peut y voir des chevaux sauvages, des falaises et surtout la fameuse gorge de la caverne avec ses ouvertures sur la « mer ». C’était très beau ! Les paysages étaient grandioses par leur immensité.
Ca ressemblait à l’Ecosse.
Puis, enfin, nous nous sommes mises en route pour voir les little puffins (macareux en français). Il y avait trois incontournables sur ma liste des choses à faire et à voir à Terre-Neuve : randonner dans le parc du Gros Morne, voir des icebergs et voir des little puffins. Alors, je peux vous dire que j’étais comme une folle à ce moment-là car j’attendais ça avec impatience. Nous sommes allées jusque Elliston. C’est un des spots reconnus d’observation des ces jolis oiseaux. C’est même le seul spot d’Amérique du Nord où l’on peut les observer depuis la terre ferme.
Depuis le parking, j’ai découvert l’existence de root cellars, des sortes de caves construits dans la terre, sous une petite colline, où étaient entreposés les fruits et légumes jadis. Certaines sont abandonnées et nous pouvons pousser la porte et rentrer à l’intérieur. Moi qui suis très curieuse, je n’ai pas hésité une seconde ! On y entre en baissant la tête puis on peut se relever entièrement, la hauteur sous plafond étant suffisante. Il fait très humide à l’intérieur et évidemment, c’est très sombre. C’est assez impressionnant ! Johanna nous a appris qu’Elliston est justement la capitale des root cellars puisqu’elle en compte environ 130. La moitié est encore utilisée et donc protégée par des cadenas.
Nous sommes donc parties à la découverte des macareux et je vous jure que je priais presque. J’avais tellement peur de ne pas avoir la chance de les voir. Eh bien, j’ai été gâtée ! Nous les avons bien vus ! Ils étaient si nombreux. Toutefois, je dois avertir les lecteurs intéressés que ces oiseaux sont en fait assez petits et se trouvent assez loin du spot d’observation, ce qui rend les clichés difficiles à faire. Il faut un super appareil photo réflex, voire un objectif. En poussant le zoom de la caméra du téléphone, on obtient des photos pixellisées. J’étais quand même super heureuse d’être là et de les voir s’élancer de la falaise vers l’eau, et vice versa.
Et… OUI, j’ai acheté une suspension little puffin pour mon sapin de Noël 2023. Et une carte postale, et un pin’s. La fille pas du tout obsédée, tu sais.
Attention, la meilleure période pour les observer est l’été (de juin à début septembre). Ces périodes coïncident avec la saison de reproduction et de nidification des puffins.
17 et 18 juin 2023, last but not least : St John's
Le 17/06, on a levé nos pouces en début d’après-midi à Port Union, où Johanna nous a déposées, en direction de St John’s. 280 kilomètres annoncés. Pour ce dernier tronçon du périple, je dois dire que l’auto-stop s’est déroulé à merveille, même si on a attendu une heure avant d’être embarquées. Nous sommes arrivés à 17h45 dans la capitale provinciale.
Nous nous sommes rendues directement chez Mickaël, un ami de Roshni et Lana qui avait accepté de nous héberger pendant deux nuits. Il n’était pas là quand nous avons débarqué mais il nous a très gentiment indiquer par message de nous installer « dans la chambre jaune » et de faire comme chez nous. Je précise que nous ne l’avons pas du tout rencontré en amont à St Andrew’s, Roshni l’a seulement contacté pour savoir s’il pouvait faire ça pour nous. Sa générosité et son accueil nous ont beaucoup touché. Sa maison était d’une douceur sans nom et sentait comme chez mon grand-père. C’était surprenant mais aussi très rassurant et feel good.
St John’s (à ne pas confondre avec Saint John, au Nouveau-Brunswick !) est loin d’avoir été un coup de cœur. Je m’attendais à une ville plus énergique, avec plus de charme. J’ai quand même beaucoup aimé les maisons colorées du centre-ville (même si, sur ce point là, Halifax reste quand même ma préférée) et leurs boîtes aux lettres tout aussi colorées reprenant l’architecture locale. J’ai adoré me retrouver au kilomètre zéro de la TCH (TransCanadian Highway, ou Transcanadienne en français). En effet, cette autoroute traverse le pays de bout en bout. Elle débute (ou finit) à Victoria sur l’île de Vancouver en Colombie-Britannique et se termine (ou commence) à St John’s sur Terre-Neuve. Sur les cartes et les panneaux, elle est indiquée par une feuille d’érable. J’ai eu l’opportunité de voir le kilomètre 0 à Victoria également, et ça fait quelque chose.. bien que je n’ai pas arpenté la Transcanadienne de bout en bout ! Petite différence à noter : à Victoria, le panneau indique « Mile 0 » : la Colombie-Britannique tient plus des US que l’est du pays ! Bref, j’étais touchée d’être au kilomètre 0 à St John’s, et je l’étais encore plus quand j’ai contemplé le tracé de la TCH sur le panneau. Savoir que celui que j’aimais avait traversé toutes ces villes en camper van m’a rendu très fière et émue pour lui.
Nous sommes restées peu de temps à Saint John’s. Nous avons décidé de nous balader un peu dans la ville puis de faire la randonnée North Head Trail. C’est une randonnée-balade d’1.7km assez facile puisque quasiment tout le chemin est aménagé. La balade offre des points de vue sympa sur St John’s mais aussi sur l’océan et les reliefs de la côte. Nous étions entourées par le célèbre brouillard de Terre-Neuve, ça a rendu les vues moins spectaculaires mais plus lunaires. A la pointe, nous nous croyions au bout du monde ! Le fog horn était en fonctionnement ce jour-ci ! Ce son est si puissant, mais son utilité, au vu du brouillard, est incontestée : le phare avait disparu de notre champ de vision en quelques minutes, alors que nous savions qu’il était en face de nous !
Notre périple à deux s’achevait ici. Nina est partie prendre son avion retour pour Montréal, et moi j’ai pris une navette privée de l’enfer (le chauffeur tenant à peine son volant et textotant pendant qu’il conduisait – j’ai dû intervenir) pour me rendre jusque Placentia, lieu de départ de mon ferry.
Le trajet retour en Nouvelle-Ecosse a duré 16 heures, mais j’étais heureuse comme tout, des souvenirs pleins la tête.
Jeff m’a accueilli à la sortie du ferry à North Sydney (NS) et je suis partie avec lui à Pleasant Bay, dans son village. Je suis restée une semaine et, cette fois, j’ai fait toutes les randonnées que je voulais faire sur l’île de Cap-Breton. Cette semaine devait faire l’objet d’un article mais j’ai finalement décidé de ne pas l’écrire. Je vous dirai juste ici que j’ai vraiment apprécié ce temps supplémentaire avec Jeff et sa chienne Molly sur l’île de Cap-Breton, qu’on a beaucoup marché, que j’ai beaucoup subi les mouches noires pendant les randonnées, que je n’ai toujours pas vu d’ours à ce moment-là. Je me suis baignée pour la première fois depuis que j’étais au Canada, au niveau d’une magnifique cascade où l’eau était à sept degrés. Disons que j’ai fait trempette une minute. Puis de nouveau quelques jours plus tard, du côté d’Ingonish. J’ai passé une soirée feu de camp sur la plage de Pleasant Bay avec des inconnus et Jeff, et un couple a cru que j’étais sa femme – dis dont, on s’apprécie mais on a quand même 30 ans d’écart !
Enfin voilà, c’était beau. Jeff et Nina sont devenues des personnes importantes et je suis toujours régulièrement en contact avec eux.
Conclusion : traversée de Terre-Neuve en auto-stop
Bon… Il faut définitivement avoir une voiture pour visiter Terre-Neuve. L’auto-stop était une super expérience, je suis fière de dire que j’ai traversé Terre-Neuve en faisant le pouce mais il faut admettre que ce n’était pas facile et que l’on aurait pu plus profiter en mettant moins de temps à rejoindre nos destinations ! D’un autre côté, on a rencontré des gens formidables et eu des discussions intéressantes !
Je conseillerai donc de louer une voiture, bien que ça coûte assez cher… Il est possible de louer à l’aéroport de St. John’s. Voici un lien vers un comparateur de compagnies de locations de voitures, pour St. John’s. C’est un lien affilié. Cela veut dire que si vous louez une voiture après avoir cliqué sur mon lien, je toucherai une commission. Ce serait un formidable cadeau pour souvenir mon blog et la poursuite de mon voyage au Canada ! Alors merci d’avance si vous franchissez le pas 🙂
Vous pouvez aussi utiliser Turo, qui est un site de location de voitures entre particuliers !
A part ça, je reviendrai sur Terre-Neuve pour…
- Faire la randonnée mythique de 17 kilomètres dans le Parc National du Gros Morne
- Faire la randonnée Tablelands dans le Parc National du Gros Morne
- Aller jusque la péninsule du nord et St. Anthony
- Prendre le ferry de Sainte-Barbe (Terre-Neuve) jusqu’au Labrador
- Revoir les icebergs et les little puffins
- Revoir Roshni et Lana
5 commentaires
Rotrou denise
Formidable ,magnifique, grande découverte, une expérience inoubliable
Maéva
Oh oui, j’en prends pleins les yeux et je me grave de beaux souvenirs !
Louka
Toujours pressé à l’idée de lire tes articles ! … 🍁🐧👍🏼
Maéva
Merci Louka, c’est gentil ! J’espère qu’ils te plaisent, alors !
Louka
Oui 😍