Il était une fois à la montagne (Zakopane, Pologne)
Lundi 18 septembre 2017
Après avoir visité Cracovie et ses environs (histoires non parues sur le blog), j’ai pris la direction de Zakopane. Direction la montagne, l’air pur et frais, les chalets, les randonnées dans les Tatras. J’avais l’idée de mettre un pied de chaque côté de la frontière Slovaquie – Pologne. The photo Instagram en perspective tu me diras ! mais en fait, je n’avais pas encore Instagram en 2017 ! Et puis, vla le symbolisme et l’exploit (la randonnée était annoncée comme difficile). Mais tout ne s’est pas passé comme prévu !
Petite anecdote hors sujet, pendant le trajet Cracovie – Zakopane en bus :
« Je viens enfin de capter où sont les prises dans les Polskibus, c’est mon quatrième voyage avec eux »
Je suis arrivée à la gare routière vraiment tard ce jour-là, la nuit était tombée depuis pas mal de temps, et j’étais encore une fois en territoire inconnu. Ce n’était clairement pas le moment de ne pas avoir de batterie ! Je me souviens avoir un peu galéré à trouver un moyen de me rendre à mon hostel qui, manifestement, ne se trouvait pas tout près. J’ai téléphoné à la réception, on m’a indiqué très gentiment, avec un fort accent polonais, de monter dans tel bus et de m’arrêter au quatrième arrêt. Je me souviens avoir téléphoné à mes parents en attendant mon bus et pendant le trajet, tout en comptant le nombre d’arrêts. Je me sentais plus rassurée de les avoir au bout du fil. Il faisait nuit noire. Je suis descendue du bus, et j’ai senti immédiatement qu’il faisait plus frais qu’au village. Il flottait dans l’air une odeur de sapin. Bienvenue à la montagne ! J’avais hâte de découvrir les lieux à la lumière du jour.
Sortie du bus, je me dirigeais enfin vers mon auberge… à la lueur de la lampe torche de mon téléphone ! Honnêtement, je me suis demandée ce que je foutais, et peut-être -je dis bien peut-être- je me suis sentie inconsciente et un peu cinglée d’arriver à cette heure-ci, solo, de marcher jusqu’au bout de ce chemin caillouteux, dans l’obscurité de la nuit, afin de trouver le Good Bye Lenin Hostel (c’est quoi ce nom d’auberge, d’ailleurs ?).
Bref, je suis arrivée à l’auberge. J’ai poussé la porte en bois et l’odeur m’a assailli. Une odeur chaleureuse de vieux chalet, de tambouille ayant mijoté une heure plus tôt, l’odeur d’une maisonnée remplie de monde. La nana qui m’avait eu au téléphone était de service à la réception. Elle m’a invitée à me déchausser. J’ai trouvé ça fou. Non pas que ce soit dérangeant, mais le fait est que c’était la première fois qu’en auberge de jeunesse, on me demandait cela. Une trentaine de chaussures étaient entreposées, j’y ajoutais les miennes. Je me suis directement sentie à la maison (ou du moins invitée dans une famille), et ça m’a fait beaucoup de bien. En voyage en solo, des petits riens font sourire, peuvent réconforter et te mettre à l’aise. Je dois avouer qu’à ce moment-là, après toutes les appréhensions sur le chemin, j’ai baissé les armes.
L’espace commun est relativement petit, un salon comme chez toi ou moi, à la différence qu’ici, c’est assez rustique. Qu’est-ce que ça sentait bon le vieux bois ! La cuisine est également sommaire (rien à voir avec les cuisines toutes équipées de Gdansk, Cracovie ou Varsovie) mais comporte néanmoins tout ce qu’il faut pour se faire de bons repas. En fait, on a vraiment l’impression d’être hébergé chez quelqu’un qui nous met à disposition sa petite cuisine dans le couloir. On ne se sent vraiment pas dans un hostel. La salle de bain, pareil : une salle de bain au rez-de-chaussée, avec une douche normale comme chez tout le monde (entendez un bac de douche et non une douche type piscine municipale), un lavabo, un sèche serviettes, des toilettes, et voilà ! Je crois qu’il y avait une salle de bain à l’étage aussi, mais je n’en suis pas certaine. Je tiens vraiment à donner ces détails pour dépeindre cette impression agréable d’être une invitée. Quant à mon dortoir, il était constitué d’une simple pièce contenant huit lits superposés en vieux bois foncé !
Je me suis couchée relativement tôt ce soir-là. Le lendemain, en conséquence, j’étais réveillée à 7h. La majorité de mes camarades de chambre étaient déjà partis en randonnée.
A 8h, le petit-dej était en place. C’était un petit buffet classique dont la quantité servie rappelait encore une fois la petite dimension de l’auberge. Si le tout avait été servi au milieu d’une grande table ronde, j’aurais pu m’imaginer de nouveau invitée dans une famille.
Le temps était très mauvais. Il faisait gris et humide. Nous suspections la pluie, la bruine ou les cordes. Je me suis joint tout de même à de jeunes voyageurs, un américain et une danoise, qui avaient décidé de partir en randonnée. En partant, je découvris de jour l’existence d’une chèvre en contrebas dans le jardin de notre hôte. Notre chalet en lui-même était très beau. C’était la dernière construction au bout du chemin. Je découvrais aussi les environs, les autres bâtisses et la forêt de pins. Nous empruntâmes le chemin que j’avais arpenté la veille dans la nuit noire.
Pendant trois heures, sous la pluie, nous avons marché entre forêts et champs. Certains pans de la forêt furent très abrupts. Nous avons beaucoup monté, les chemins étaient raides.
Arrivés en haut du pic Nosal, nous aurions dû avoir une jolie vue dégagée. Malheureusement, le temps était très brumeux.
Mes deux compagnons discutaient entre eux tout du long, je crois qu’ils s’étaient lassés de se répéter (faut dire que je ne comprenais rien à ce qu’ils racontaient ces deux-là, ce qui m’avait beaucoup frustré).
L’après-midi, nous avons rien fait, je me suis même endormie dans le salon quelques instants.
Le temps passe avec les discussions. J’avais entendu une conservation assez animée entre certains voyageurs et la nana qui gère l’hostel : ils bavardaient à propos du président polonais. Je n’entendais que des bribes et pourtant, me vint à l’oreille qu’il était question d’une interdiction d’avorter. Notre hôte paraissait en colère. Nous sommes à ce moment-là en 2017 et je me souviens me demander ce qui ne tournait pas rond dans le monde. J’avais fait des recherches et effectivement, l’avortement est très largement restreint en Pologne. Pour plus d’infos, voici une page Wikipédia très intéressante : cliquer ici.
Plus tôt, je faisais déjà état dans mon carnet d’une discussion politisée, eue dans le salon. Dean est un voyageur logeant dans le chalet, il vient d’Afrique du Sud. Nous nous étions déjà rencontrés à Cracovie quelques jours plus tôt, nous étions dans la même auberge de jeunesse ! Le monde est si petit. Enfin bon, il nous racontait que la situation était craignos en Afrique du Sud et que le Président faisait n’importe quoi avec l’argent public (ça semble être une manie). Dean avait ajouté que le pire était qu’il était accusé d’un double viol, que tout le monde le savait, mais qu’il était réélu quand même.
Ce que j’aime dans les voyages et que, je trouve, on ne se rend compte qu’avec le recul, c’est qu’ils nous donnent l’occasion d’apprendre pleins de choses, à travers les discussions que nous pouvons avoir avec des voyageurs des quatre coins du monde. Au fil des échanges, on en apprend plus sur les pays des uns et des autres, on s’ouvre à d’autres cultures, d’autres manières de faire et de penser. On se remet en question : nous-mêmes, notre culture française (enfin, je parle pour moi là). Je crois que j’essaie fondamentalement d’être meilleure après un voyage ou une discussion intense, tu vois. Le fait est que si parfois, nous pouvons être enchantés de ce que l’on découvre, d’autres fois, le goût peut vite devenir amer en découvrant les us et coutumes d’un pays. C’est comme ça, il faut s’y faire. En ce moment, par exemple, je lis les témoignages d’expatriés en Amérique du Sud, et il revient souvent que la culture y est machiste. Doit-on alors tout accepter ? Je n’ai pas réellement de réponse, simplement je me questionne. Je crois qu’en voyage, on prend ce que le pays a à nous offrir, et si le reste ne nous plaît pas, eh bien… C’est comme ça. Attention, bien des traditions sont néfastes et doivent disparaître, je ne suis pas si open. Certaines mentalités doivent effectivement changer – rien n’est une fatalité dans la vie.
Enfin bref, tout ça pour dire que le voyage est censé nous transformer, nous faire ouvrir les yeux. Si je ne traîne pas vraiment avec des locaux lorsque je voyage, c’est avec mes compagnons voyageurs que j’ouvre les yeux, que j’apprends beaucoup. Alors, vraiment, merci à tous les voyageurs que j’ai rencontré, qui m’ont marqué, avec qui j’ai eu des discussions hilarantes ou des conversations intenses, mais que je ne reverrai peut-être jamais. Les rencontres éphémères sont souvent mémorables.
Pendant ce petit séjour à Zakopane, je me souviens m’être sentie mal. J’étais énervée. Que rien ne se passe comme prévu. J’étais supposée faire des randonnées de folie, me rendre à la frontière slovaque, voir un magnifique lac. Mais il n’a fait que pleuvoir pendant trois jours. On m’a à moitié soufflé que quelques jours plus tôt, il faisait un temps radieux, qu’il fallait que je reste plus longtemps. Le fait est que mon itinéraire était bouclé et tout organisé, et je devais revenir à Varsovie et prendre mon avion. On ne répètera jamais assez que les voyages au long cours sont les meilleurs et qu’ils permettent de prolonger les séjours quand on n’en a pas eu assez.
Le jour suivant, avec quelques camarades de l’auberge, nous avons décidé de nous balader dans le centre-ville, malgré la pluie omniprésente. Nous sommes passés devant tout un tas de chalets typiques de Zakopane. J’ai beaucoup aimé cette petite promenade. Nous sommes entrés dans quelques boutiques et avons goûté dans un petit coffee sympathique.
En conclusion, je n’ai pas fait grand chose pendant ces 3 jours sur place. Je n’en ai pas eu l’occasion, faute de météo clémente. J’ai quand même eu des discussions très intéressantes, j’ai rechargé les batteries, j’ai caressé un chaton pendant 3 jours (oui oui), j’ai joué à des parties alcoolisées de Uno (très bonne vodka russe d’ailleurs), j’ai découvert l’architecture du coin.
Un jour, peut-être, je reviendrai et ferai tout ce que je n’ai pas pu faire.
The end (pour Zakopane)
Malheureusement, la transcription de ce carnet de voyage a subi une pause il y a quelques années et a vocation à ne pas reprendre.