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Elephant Nature Park : Une journée avec les éléphants autour de Chiang Mai

Je préviens : j’ai beaucoup de choses à raconter. On ne lésine pas sur les détails quand il est question d’éléphants !

Un de mes meilleurs souvenirs (sinon le meilleur) de ce voyage complètement ouf en Thaïlande : histoire d'une journée mémorable passée avec les éléphants...

Tout a commencé un beau soir sur le marché de nuit principal d’Ayutthaya. Nous retrouvions là-bas une amie de Toulouse qui voyageait en Thaïlande quasiment en même temps que nous. Elle nous parle de ce qu’elle a déjà fait mais aussi de ses plans, et notamment sa visite prochaine dans un sanctuaire pour éléphants. Avec Mathilde, nous nous étions entendues : pas de sanctuaire, pas de rencontre avec les éléphants. Même si nous rêvions toutes deux de voir ces majestueux animaux, nous n’étions pas sûres du bon traitement de ceux-ci et de leur réelle liberté, même dans lesdits sanctuaires. Par soucis de conscience donc, nous avions décidé de nous priver et si nous avions le temps, nous irions dans un parc national essayer de voir des éléphants sauvages. 

Anaïs (mon amie donc, si tu suis bien) nous confie avoir le même sens de l’éthique et les mêmes craintes. Mais elle s’est beaucoup renseignée, a lu beaucoup de témoignages et semble convaincue que l’Elephant Nature Park est un endroit clean. Avec ma partner de choc, nous restons dubitatives, nous ne voulons tellement pas avoir de remords et participer à un truc qu’on ne cautionne pas. Anaïs nous promet donc de nous faire un retour très détaillé de son expérience et qu’elle fera attention à tout. Après un pad thai partagé ensemble à un stand de street food, nos chemins se séparent : elle s’en va pour Chiang Mai, la capitale du nord.

Deux jours plus tard, nous avions un rapport complet énonçant tous les points positifs du sanctuaire. Avec Mathilde, nous nous sentons déjà fléchir. Notre parcours est quand même assez serré, nous ne sommes mêmes pas sûres d’aller dans un parc national, et Anaïs vient de nous envoyer le feu vert… Nous cédons à nos envies et nous réservons pour passer, nous aussi, une journée avec les éléphants. Nous ne réalisons pas vraiment mais sommes contentes.

Jeudi 6 juin 2019

Le grand jour est arrivé. Je te dis, j’étais surexcitée comme pas possible. Faut dire que j’adore les éléphants : j’ai une collection de statuettes à la maison, une énorme peluche éléphant, et j’ai la lubie de me faire tatouer un éléphant à l’intérieur de la cuisse. Ils sont si majestueux, si forts, si protecteurs les uns envers les autres. A l’état sauvage, ils peuvent te tuer (ah oui oui).

Malheureusement, l’Homme est la pire des espèces. En Asie, le tourisme de l’éléphant fait rage : on fait monter les chinois et autres personnes mal informées / aveugles / de mauvaise foi sur des éléphants qui ont été torturés pour en arriver là (oui un éléphant est sauvage à la base, jamais il ne se serait laissé faire : il a été domestiqué à la dure par des sans-cœurs, des méchants, des pourris) (désolée de casser l’ambiance). A Ayutthaya, on les fait se balader toute la journée sur le bitume bouillant autour des vieux temples. En Afrique, c’est pas forcément mieux, les braconniers les tue pour leurs défenses, yes on adore ! Je ferme la parenthèse, mais t’as capté pourquoi on avait peur de tomber sur un soit-disant sanctuaire qui profite de certains touristes éco-responsables en leur mettant des paillettes dans les yeux (mais en les frappant par derrière). 

Doooonc, je disais, jour J. On vient nous chercher en van, nous sommes les premières. On récupère un couple espagnol et nous voilà parties pour une petite heure de route direction la jungle autour de Chiang Mai, et le site Sunshine for elephants (appartenant à la fondation Elephant Nature Park). Nous sommes contentes, nous serons que quatre, rien de pire qu’un groupe de quinze personnes autour de trois malheureux éléphants. Bon malheureusement, c’est courant que les groupes soient plus grands que le nôtre, nous avons l’air d’avoir été une exception ce jour-là d’ailleurs.

Dans le van, on nous passe une vidéo avec les consignes de sécurité et les consignes de respect pour les éléphants. La vidéo est assez ludique et nous met déjà dans l’ambiance. On approuve !

Nous arrivons. Nous sommes en pleine nature, la jungle est tout autour de nous. Notre guide thaï (anglophone) a l’air très gentil. Il nous explique qu’il n’y a plus que trois éléphants car le quatrième est décédé il y a quelques temps… Il nous donne les noms des éléphants et nous explique d’autres trucs mais honnêtement, je m’en souviens plus. 

Des maisons en taule et en bois sur pilotis, au milieu de la jungle - Site Sunshine for elephants

Nous commençons notre journée au service des éléphants par préparer leurs friandises : nous coupons des centaines de pastèques en quarts. Les éléphants mangent énormément. Leur alimentation principale sont les feuilles, l’herbe, et toute végétation ayant l’air sympa à leurs yeux autour d’eux. Mais ils adorent les bananes et les pastèques.

Titilde au taf

Pendant qu’on finit de couper les pastèques, je tourne la tête et j’hallucine. Je vois arriver le premier éléphant, c’est l’heure de donner les snacks. C’est impressionnant de voir un éléphant en vrai et d’aussi près. J’aurai voulu me frotter les yeux pour vérifier que je ne rêvais pas, mais j’avais une machette dans les mains. haha

Je dois l’avouer : je n’ai pas réussi à donner les pastèques & bananes direct’, comme mes camarades. Je flippais. J’étais déjà intimidée d’être si proche d’eux alors mettre une banane au creux de leur trompe, autant dire que j’ai fait la flippette. Mathilde, quant à elle, une professionnelle, mahout dans l’âme, donnait les friandises à tour de bras. Après plusieurs encouragements de sa part et voyant bien que les espagnols se débrouillaient aussi très bien, je me suis lancée : me voilà à vider panier sur panier. Si heureuse d’être là !

Les éléphants sont derrière des barrières en bois au début pour nous faciliter les premiers instants en leur compagnie, pour nous mettre en confiance. Ils n’ont aucune chaîne aux pieds ou autour du cou. Bien-sûr, ils sont dociles parce qu’ils ont été maltraités par le passé (on ne peut pas rendre un éléphant domestiqué sauvage) mais je pense qu’ils le sont aussi parce qu’ils ont confiance en leurs mahouts qui veillent sur eux tout le temps. J’espère que je ne me trompe pas et qu’on n’apprendra jamais le fait de maltraitances à l’Elephant Nature Park mais, de ce qu’on en a vu, c’est vraiment bienveillant. 

Après avoir englouti le nombre de fruits qu’on mettrait des mois à manger, nous sommes partis en promenade dans la jungle. Fini le béton, à nous les petits sentiers. On nous donne un sac rempli des dernières bananes et c’est parti. 

Des foulards oranges accrochés partout pour protéger les arbres et qu'ils ne soient pas coupés. En espérant que la réalité soit aussi belle que la symbolique !

Une journée avec eux ne veut pas dire les coller de près chaque seconde, chaque minute. A vrai dire, nous n’avons pas marché avec eux TOUT LE TEMPS pendant cette balade, tout simplement parce qu’ils font absolument ce que bon leur semble et qu’avec Mathilde, nous continuions d’avancer à notre rythme, avec ou sans eux. Bien-sûr, on regardait par dessus nos épaules pour voir s’ils étaient loin ou pas. 

Oui j’ai un nombre plutôt impressionnant de photos des fesses de dos de Mathilde !

La joie se lit sur nos visages

Mais, s’ils ont décidé de s’arrêter dix minutes pour manger, tout le monde s’arrête. Et nous, on en profite pour les mitrailler, les observer, se reposer. Comme je disais, les mahouts sont très respectueux : ils parlent aux éléphants, pas de fouet ou je ne sais quoi d’autre d’horrible pour les faire avancer. Quand nous nous sommes arrêtés à un moment car un éléphant avait décidé de se faire un masque/un bain de boue, les deux autres ont disparu dans la jungle, deux mahouts sont allés à leur recherche !!

Le fameux masque de boue : en fait, les éléphants s'envoient de la boue partout sur le corps avec leur trompe (en pleine action sur la photo 2) pour se protéger du soleil ! Ca fait une épaisse couche, comme de la crème solaire !

Et soudain, petit pont de bambous et éclats de voix plus loin. Que pasa ?

Nous finissons par arriver à un camp dressé au milieu de nulle part, où nous attend un véritable festin. J’ai l’impression d’être une invitée d’honneur, une riche parmi les pauvres. Cette impression est d’autant plus renforcée quand je remarque que les locaux (cuisinières et mahouts) mangent de leur côté. J’aurai aimé leur proposer qu’on mange ensemble. La barrière de la langue est tellement grande… Comme je disais, les thai parlent peu anglais…

Mathilde s’est préparée une papaya salad ce jour-là : nous savions déjà comment faire grâce à notre cours de cuisine deux jours plus tôt, mais le guide nous a montré de nouveau. Personnellement, j’ai résisté au vu des nombreux plats qui nous attendaient sous cloche ! En dessert, le fameux mango sticky rice (de la mangue, du riz collant sucré mariné au lait de coco et du lait de coco sucré – rien que ça !) !

Repus comme jamais, ce fut l’heure de préparer de la nourriture saine et « médicamenteuse » pour les éléphants. Comme ils étaient vieux, on a concocté des boules molles composées de riz gluant, de banane et de je-sais-plus-quoi en copeaux. C’est très nutritif et c’est bon pour leur santé !

Préparation d'une papaya salad digne d'une thai !
Les fameuses boules nutritives pour nos éléphants

Puisque les boules sont molles, impossible de leur donner au creux de leur trompe pour qu’ils l’amènent à leur bouche eux-mêmes. Donc, il faut directement leur présenter à leur bouche. Tu t’en doutes, j’ai fait la flippette. Sur les trentaines de boules préparées, j’en ai donné qu’une que j’ai failli lâcher hahaha. Je suis pas une aventutière tout terrain, que veux-tu !

Retour au site Sunshine for elephants...

Nous repartons du camp au milieu de la jungle pour rejoindre un chemin bétonné. Je suis étonnée, je pensais que la jungle environnante en était préservée, mais je comprends mieux comment deux-trois scooters avaient pu monter jusqu’au camp. 

Arrivés sur le site d’Elephant Nature Park Sunshine for Elephants, on nous conseille de nous changer et de mettre les vêtements traditionnels proposés par la fondation. Nous allons nous baigner dans la rivière, avec les éléphants. Quand j’ai vu l’eau marron, je me suis dit « oulah non, y a quoi là-dedans ? A tout moment y a un crocodile, des poissons bizarres. On voit pas du tout à travers ! ». J’ai pris mon courage à deux mains et petit à petit, j’ai rejoint les autres. Je ne regrette pas. C’était tellement agréable, l’eau était chaude, douce. Un petit courant nous emportait. Nous avons arrosé les éléphants (personnellement, j’évitais les yeux !) et ceux-ci s’arrosaient eux-mêmes avec leur trompe. Ce fut un moment heureux, pleins de rires, d’observations. Les éléphants sont sortis mais moi, je voulais rester dans cette rivière, j’étais si bien. Comme toutes les belles choses ont une fin, j’ai dû sortir. Alalalala ! 

Sur le moment, nous étions super heureuses de faire cette expérience dans l’eau, mais après coup, nous l’avons considéré comme du fake, une mise en scène. Les éléphants avaient-ils vraiment envie de se baigner à ce moment précis ? Y sont-ils allés d’eux-mêmes ? Si oui, est-ce dû à une routine dont ils ne s’aperçoivent même pas/plus ? ; si non, eh bien, c’est triste. Cette réflexion nous a un peu refroidi. Nous ne voulions tellement pas tomber dans un truc pour touristes. Personnellement, j’ai essayé de me concentrer sur le positif, sur toute cette journée merveilleuse et  bienveillante. Et puis, ils n’avaient pas eu l’air d’être malheureux, ils s’arrosaient eux-mêmes… 

Pour ce qui est du dodo des éléphants

Les éléphants dorment malheureusement dans des box, des enclos avec des barrières en bois. Si l’éléphant est assez robuste pour fracasser les rondins de bois et s’enfuir, il ne le fera pas car il est bien trop formaté… Les mahouts les surveillent et/ou veillent sur eux (tout dépend du point de vue !) juste au-dessus, dans des habitations rudimentaires. Un rien leur suffit. Toujours est-il que ma véritable préoccupation est pour les éléphants.  Apparemment, ils sont dans l’enclot la nuit pour pas qu’ils s’échappent et ne se perdent. Un éléphant domestiqué peut difficilement revenir à la vie sauvage qui plus est… J’espère qu’ils sont bien dans ce parc… On ne saura jamais, finalement (sauf si on faisait les reporters secrets et qu’on dormait dans des tentes, non loin, pour observer tout ça…).

Photo bonus : trois petits culs

Coût et infos pratiques

Cette incroyable journée nous a coûté 2500 bahts, soit environ 75€. Nous avons conscience que c’est une somme, c’est d’ailleurs le tarif le plus important parmi toutes les fondations et refuges qui proposent ce type de visite à la journée. Peut-on y voir là un gage de qualité ? Toutefois, nous avons conscience que les éléphants ont besoin de beaucoup de nourriture, de soins, que les mahouts sont sûrement payés et qu’ils doivent manger. De plus, l’Elephant Nature Park a besoin de ces fonds pour acheter de nouveaux éléphants aux méchants propriétaires, et ainsi leur permettre de vivre une fin de vie meilleure. 

Pour moi, ces 75€ et cette visite valent le coup et je ne regrette pas, malgré certains points où je reste dubitative.

Dans ce tarif est compté :

  • transport de NOTRE hôtel (genre devant la porte carrément) au site Sunshine for elephants (1h de route environ)
  • et le retour pareil
  • le festin à midi
  • la balade pendant quelques heures dans la jungle
  • les explications du guide anglophone
  • un moment de partage intense avec les éléphants.

J'espère que cet article vous aura plu, autant que j'ai aimé l'écrire !

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